M. Michel Issindou attire l'attention de Mme la secrétaire d'État auprès du ministre du travail, de l'emploi et de la santé, chargée de la santé, sur les difficultés que rencontrent les sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile, du fait de l'obligation d'assurance qui leur est faite. À l'heure actuelle, le Bureau central de tarification ne serait pas en mesure de leur proposer un tarif en deçà de 25 000 euros par an (dont 6 000 euros pris en charge). Or ce tarif est bien souvent supérieur au revenu annuel de ces sages-femmes, ce qui a conduit certaines à pratiquer l'accouchement à domicile sans assurance. Ce défaut d'assurance vient toutefois de conduire le conseil de l'ordre des sages-femmes à intenter une action contre une sage-femme, qui risque la radiation ainsi que 45 000 euros d'amende. Suite à cette plainte, sept parmi la centaine de sages-femmes pratiquant l'accouchement à domicile en France ont renoncé à pratiquer. Cette situation paraît d'autant plus dommageable que cette pratique, très marginale en France, affiche pourtant des taux de réussite parfaitement comparables, voire supérieurs, à ceux des accouchements en milieu hospitalier, à niveau de pathologie identique. Dans le cadre de l'accroissement du déficit de la sécurité sociale, il convient de relever que cette pratique, réservée aux accouchements non pathologiques, est particulièrement économique : sans hospitalisation, la prise en charge par l'assurance maladie se réduit aux 312 euros de facturation de l'accouchement. D'autre part, des recherches font valoir qu'une moindre médicalisation et le respect de l'intimité familiale tendent à faciliter l'accouchement, et favoriser l'établissement du lien parent-enfant-fratrie. Ces avantages expliquent sans doute la prévalence de cette pratique dans de nombreux pays européens et notamment dans les pays scandinaves où 30 % des accouchements ont lieu à domicile (et 40 % en maison de naissance). S'il ne s'agit pas de revenir ici sur l'obligation d'assurance qui est faite aux sages-femmes pratiquant l'accouchement à domicile, il convient toutefois de noter que les tarifs prohibitifs proposés en France viennent de fait interdire cette pratique. À titre de comparaison, il semblerait que les tarifs proposés par nos voisins européens soient sans commune mesure (250 euros en Suisse, 500 euros en Grande-Bretagne, 1 600 euros en Allemagne). Il souhaiterait donc connaître les dispositions qu'elle entend prendre pour évaluer la pertinence de la pratique de l'accouchement à domicile, et permettre que cette option reste offerte aux mères qui le souhaitent, en faisant en sorte que des tarifs d'assurance équitables soient proposés aux sages-femmes le pratiquant.
Le Gouvernement entend le souhait de femmes pour une prise en chargemoins médicalisée de leur grossesse et sur le maintien de l'accouchement à domicile. Néanmoins, même si l'accouchement est un acte médical courant qui donne lieu à une prise en charge par l'assurance maladie, c'est un acte qui n'est pas dénué de risque, c'est pourquoi il est préférable de développer des alternatives médicalement sécurisées. Sur la question de la couverture assurantielle des sages-femmes, le niveaude prime fixé par les organismes assureurs est croissant avec le risque et n'est pas corrélé au niveau de revenu du professionnel de santé. Or, l'activité des sages-femmes est une activité risquée au regard du nombre de sinistres constatés par l'autorité de contrôle prudentiel dans son dernier rapport transmis aux ministres chargés de l'économie et de la sécurité sociale en décembre 2010 et portant sur l'exercice 2009, c'est pourquoi le niveau des primes est élevé et l'est d'autant plus pour les sages femmes pratiquant des accouchements à domicile. En tout état de cause, si une sage femme se voit opposer deux fois le bénéfice d'une couverture assurantielle, elle peut saisir le bureau central de tarification (BCT), dont le rôle est de fixer le montant de la prime moyennant laquelle l'entreprise d'assurance choisie par l'assujetti est tenue de garantir le risque. Enfin, d'une manière générale, la question de la responsabilité des professions à risque fait l'objet d'une attention particulière. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2011 a notamment étendu au bénéfice des sages-femmes le dispositif prévu à l'article L. 1142-21 du code de la santé publique pour les spécialités médicales à risque afin de sécuriser l'exercice libéral de la profession. Par ailleurs, la parution de deux rapports remis par M. Gilles Johanet en juillet 2010 et février 2011 sur la responsabilité civile médicale pourrait conduire à une évolution de la réglementation au cours de l'année 2011.
16 commentaires :
Le 16/01/2011 à 16:29, Lys29 a dit :
Merci pour votre question, M. Issindou. J'espère de tout cœur qu'elle recevra une réponse favorable !
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Le 17/01/2011 à 06:39, Agnès V a dit :
Question intéressante, nous vous remercions de permettre le débat. Il serait en effet juste de favoriser les accouchements à domicile, suivis, encadrés et accompagnés, pour offrir une naissance douce et sereine à nos enfants !
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Le 17/01/2011 à 09:06, Karen LM a dit :
Merci Monsieur Issindou pour cette question. Je voulais vous indiquer que la CPAM du Morbihan reconnaît le bien fondé de l'accouchement à domicile. En effet, en 2007, après dossier fait auprès du médiateur de la CPAM du Morbihan, celui-ci a défendu mon cas. La CPAM ne me remboursait 1.50€ car j'étais accompagnée par une sage-femme non conventionnée. Néanmoins, après commission, la CPAM du Morbihan a décidé de me verser un remboursement exceptionnel de 250€. Je me tiens à votre disposition pour tout renseignement complémentaires si cela, d'après-vous, pouvait s'avérer utile.
Recevez mes sincères salutations.
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Le 17/01/2011 à 11:37, Alix M a dit :
Merci pour votre soutien, et pour cette explication claire et objective de la situation !
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Le 17/01/2011 à 13:46, Jeanne L. a dit :
Merci Monsieur le député pour cette question des plus pertinentes. La réflexion que vous proposez mérite d'ailleurs d'être étendue au suivi de grossesse et au suivi port-partum et post-natal. Pour mon deuxième enfant, né à la maison, j'ai été suivie de A à Z par une sage-femme libérale, et je me suis amusée à faire les calculs: de sa conception à la visite "de sortie" du 8e jour effectuée par mon médecin traitant, mon bébé et moi-même, tous actes, prescriptions et examens inclus, avons coûté moins de deux mille euros à l'assurance-maladie.
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Le 17/01/2011 à 16:31, Castillonis a dit :
Merci de vous intéresser à ce sujet, en espérant une réponse favorable.
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Le 18/01/2011 à 14:29, Morgane B a dit :
Je vous soutiens totalement dans votre démarche, Monsieur Issindou ! Notez cependant que nombre de CPAM ne prennent pas en charge les déplacement post-partum de la sage-femme au domicile de la maman et du nouveau-né. Et pour cause : le forfait accouchement (acte coté SF 118) de 312 euros, inclut les visites de J1 à J7 d'après la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP). Ce qui, à nouveau, dessert la mise en oeuvre du travail d'accompagnement global des sages-femmes libérales exercant les AAD. Le coût de ces visites revient bien souvent à la charge des familles...
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Le 22/01/2011 à 08:33, Rej74 a dit :
Merci beaucoup Monsieur Issindou d'attirer l'attention de Mme la secrétaire d'Etat sur le sujet des assurances des SFL qui pratiquent les AAD. Outre le fait que je sois convaincue des biens faits de l'accouchement à domicile suite à une grossesse sans risque, je suis surtout indignée de voir qu'en France nous ne permettons pas à ces femmes de pratiquer ce métier indispensable dans des conditions optimales.
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Le 22/01/2011 à 11:06, K.Clavier a dit :
Merci pour votre question qui montre la situation paradoxale de l'accouchement à domicile en France : pas réellement "interdit" pour les parents, le problème de l'assurance des sage-femmes mets ces dernières sur la sellette et oblige la plupart d'entre elle à exercer sans cette assurance obligatoire ! Le nombre de sage-femmes pratiquant les accouchements à domicile est faible (une soixantaine en France) en regard de la demande. Si ce problème assurantiel pouvait être résolu, c'est un grand pas qui serait fait pour répondre à la demande de plus en plus pressante des usagers de la périnatalité, et qui produit un effet délétère puisqu'un nombre croissant de femmes préfèrent accoucher seules chez elles qu'en maternité, ne pouvant pas trouver de professionnelle de santé pouvant être à leur côté chez elles à ces moments-là.
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Le 22/01/2011 à 22:25, piroit a dit :
En tant que sage femme qui accompagne des parents à domicile pour la naissance de leur bébé (sans assurance malheureusement), je tiens à vous remercier d'oser, malgré toutes les pressions que nous subissons, soutenir cette pratique professionnelle qui permet aux femmes d'accoucher et aux parents d'accueillir leur nouveau né avec au moins autant de sécurité , plus de confort et d'humanité que dans les maternités et à la société de réaliser de nombreuses économie qui pourraient payer beaucoup plus que l'assurance des sages femmes. GP
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Le 23/01/2011 à 13:28, lilou73 a dit :
Merci de poser des questions essentielles ! Beau courage de mettre en cause la machine en cour...
Vous avez tout mon soutient ! encore merciiiii !!!
Une maman qui garde un souvenir magique de son accouchement à la maison auprès des frères et soeurs !
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Le 23/01/2011 à 13:31, Mathilde a dit :
Merci de défendre cette liberté première, celle d'accueillir nos enfants dans des conditions CHOISIES.
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Le 23/01/2011 à 13:41, Karumba a dit :
Merci beaucoup, car si j'ai eu la joie de voir naître mes 3 bambins à domicile, j'aimerais que d'autres aient encore cette possibilité.
MK
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Le 24/01/2011 à 09:42, Flore a dit :
Merci !!!
Au nom de toutes les mères et de tous les parents, merci !!! Il n'y a pas meilleur suivi médical de la grossesse que celui fait par les sage-femmes pratiquant l'AAD
J'espère que cette question sera enfin soulevée
Flore, Grenoble
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Le 24/01/2011 à 10:19, annaig a dit :
merci beaucoup pour votre soutien , car j'ai eu le bonheur d'accueillir mon enfant à la maison donc je souhaite de tout coeur que l AAD continu.
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Le 24/01/2011 à 12:46, MN Babel-Remy a dit :
Merci de vous intéresser à cette question. Monsieur Brosse a aussi attirer l'attention du ministre de la santé et demander une réponse en décembre. J'ai transmis ce problème à Michèle Rivasi pour qu'elle pose la question au parlement européen aussi.
Beaucoup de députés et sénateurs mélangent naisance à domicile ou en maison de naissance et sectarisme. Il ne s'agit pourtoant que de l'accueil d'un enfant dans sa famille, en toute sécurité avec un professionnel compétent. Pour éviter jstement la marginalisation et les dérives sectaires, les professionnels doivent être reconnus et assurés.
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