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Claude Bartolone
Question N° 81165 au Ministère de la Culture


Question soumise le 15 juin 2010

M. Claude Bartolone attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur la réutilisation des archives publiques. Depuis la loi du 7 Messidor an II, l'égalité d'accès aux archives publiques est garantie par une totale gratuité. Ce principe n'a pas été remis en cause par le législateur ni par la loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives ni par la loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 relative aux archives. Plusieurs sociétés commerciales spécialisées dans la numérisation des documents publics proposent aujourd'hui leurs services aux collectivités territoriales. Cette réutilisation des archives publiques risque de rendre leur consultation payante, voire d'interdire aux chercheurs de photographier les registres. L'objectif financier affiché par certaines de ces sociétés semble très éloigné des motivations de recherche universitaire ou de loisir des historiens et généalogistes habitués à consulter ces archives. Jusqu'à présent, les contrats passés entre les collectivités territoriales et leurs prestataires prévoyaient la remise d'une copie des travaux de reproduction à l'entité détentrice, librement consultable par les chercheurs de métier ou amateurs. Il lui demande donc quelles mesures législatives ou réglementaires le Gouvernement entend prendre pour garantir la possibilité de la consultation gratuite et la possibilité de photographie des documents conservés dans les dépôts archives publiques en France.

Réponse émise le 31 août 2010

La réutilisation des informations publiques soulève de délicates questions d'ordre juridique, économique et éthique. Sur le plan juridique, la directive 2003/98/CE du 17 novembre 2003 concernant la réutilisation des informations du secteur public a ouvert, pour chaque État membre, la possibilité de créer un marché de la réutilisation des informations publiques, tout en excluant de ce marché les établissements culturels, au nombre desquels figurent les services d'archives publics. L'ordonnance n° 2005-650 du 6 juin 2005 transposant cette directive a ouvert ce marché pour notre pays et l'a encadré par les dispositions des articles 10 à 19 de la loi du 17 juillet 1978, qui fixent le droit applicable à la réutilisation des informations publiques. L'article 11 de cette loi prévoit cependant un régime dérogatoire pour les services d'archives publics, lesquels peuvent fixer des conditions spécifiques de réutilisation. Mais aucun texte ne précise dans quelle mesure et dans quelles limites ces conditions spécifiques peuvent déroger au droit commun de la réutilisation et à d'autres règles de droit applicables à ce domaine, notamment la protection des données personnelles, le droit de la concurrence et le principe d'égalité. Les services d'archives publics sont en train de se doter de licences encadrant leur relation avec les réutilisateurs, qu'il s'agisse de particuliers, d'associations ou de sociétés commerciales. Ces licences fixent notamment les limites de la réutilisation et les redevances qui peuvent, le cas échéant, en constituer la contrepartie. Elles seront déterminées, s'agissant des services territoriaux d'archives, par la collectivité territoriale dont elles dépendent, en application du principe de libre administration. Le service interministériel des archives de France a diffusé auprès de ces services une note visant à harmoniser les pratiques, dans le respect de ce principe. Sur le plan économique, différentes sociétés privées souhaitent procéder à la réutilisation des documents d'archives publics. L'application d'une redevance à une réutilisation commerciale de ces documents est justifiée et acceptée par la plupart des acteurs économiques souhaitant intervenir sur ce marché. Elle constitue en effet la contrepartie des investissements réalisés par l'État et les collectivités territoriales pour microfilmer ou numériser les documents conservés dans les services d'archives publics. Le montant de cette redevance fait en revanche débat, les acteurs économiques souhaitant que celui-ci soit le moins élevé possible. Le ministère de la culture et de la communication estime néanmoins que le prix de la réutilisation doit refléter la part déterminante que le service public a prise pour rendre possible, par les opérations de microfilmage et de numérisation des documents qu'il a financées, le développement d'une activité économique fondée sur la réutilisation de ceux-ci. Sur le plan éthique enfin, de nombreux élus et acteurs de la société civile, notamment l'association des archivistes français, se sont émus de la constitution par certaines sociétés engagées dans le marché de la réutilisation de bases de données nominatives indexant les documents d'archives réutilisés et interrogeables par toute personne sur Internet. Le croisement des informations figurant dans ces documents, qui peuvent être extrêmement sensibles, pourrait permettre de constituer de véritables profils individuels, sans que le consentement des personnes concernées n'ait été recueilli. Se pose donc la question de l'exclusion du champ de la réutilisation des documents d'archives publiques comprenant des données personnelles sensibles, tels que les actes d'état civils, les recensements de population, ou encore les fichiers de police, alors que ces documents font fréquemment l'objet de demandes de réutilisation en vue d'une indexation nominative diffusée sur des sites commerciaux payants. Dans ce contexte, le ministère de la culture et de la communication, sans refuser le principe d'une réutilisation commerciale des documents d'archives publiques, a recommandé aux services d'archives publics la plus grande prudence vis-à-vis des demandes dont il est saisi, notamment lorsque des données personnelles sont en jeu, et incite ces services à se doter de licences sécurisant toutes les formes de réutilisation. Seule une intervention du législateur pourrait poser un cadre plus contraignant pour la réutilisation de données sensibles au travers d'une modification de l'ordonnance de 2005.

1 commentaire :

Le 29/12/2011 à 00:19, Olivier a dit :

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Les réponses apportées aux différentes questions sont toutes les mêmes : on dirait du copier/coller. Elles commencent toutes par citer les axes juridique, économique et éthique, en s'attardant beaucoup sur l'axe économique.

Mais aucune de ces réponses du gouvernement ne traite du sujet fondamental relevé en particulier par Mr Claude Bartolone, à savoir l'égalité d'accès aux archives publiques pour tous les citoyens (principe de la loi du 7 messidor an II).

Il s'agit pourtant du droit des citoyens à accéder aux archives de la nation, qui constituent une part -en principe- inaliénable- du patrimoine commun.

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