M. Jean-Claude Flory attire l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé sur la reconnaissance de la molécule de baclofène dans le traitement de l'acoolodépendance. Actuellement, les molécules disponibles sur le marché, l'acamprosate et la naltrexone sont censées agir sur l'envie de boire, tandis que le disulfirame provoque, en cas de prise concommittante d'alcool, une réaction d'intolérance physique. Cependant, ces molécules ne seraient efficaces que sur 30 % des patients alcoolodépendants alors que la molécule de baclofène serait réputée avoir de bien meilleurs résultats. Aussi, il lui demande de lui indiquer quel est le calendrier d'attribution de l'autorisation de mise sur le marché prévu pour cette dernière.
L'utilisation du baclofène (Lioresal) et génériques), en dehors du cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM), dans le traitement de l'alcoolodépendance, a conduit l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) à se saisir de cette problématique. Afin d'analyser l'ensemble des données expérimentales, pharmacologiques, toxicologiques et cliniques disponibles, elle a réuni un groupe d'experts en février 2009 et février 2011 et poursuit sa veille. Le baclofène est un relaxant musculaire d'action centrale, autorisé depuis 1975 dans le traitement des contractures musculaires involontaires (spasticité) d'origine cérébrale ou survenant au cours d'affections neurologiques telles que la sclérose en plaques ou certaines maladies de la moelle épinière. La posologie du baclofène doit être adaptée progressivement et individuellement. Chez l'adulte, elle se situe généralement entre 30 et 75 mg par jour. Des posologies supérieures (jusqu'à 120 mg par jour) peuvent être administrées mais uniquement en milieu hospitalier. Concernant le bénéfice du baclofène dans le traitement de l'alcoolo-dépendance, l'analogie structurale du baclofène avec l'acide 7-aminobutyrique (GABA), neurotransmetteur dont le rôle serait important dans les addictions, a amené des praticiens à émettre l'hypothèse que le baclofène pourrait être efficace dans la prise en charge de l'alcoolo-dépendance. Des données issues d'études observationnelles suggèrent un intérêt du baclofène dans la prise en charge médicamenteuse de certains patients dépendants à l'alcool, avec une posologie variable et le plus souvent largement supérieure aux doses habituellement utilisées dans les spasticités. Il existe peu d'études cliniques comparatives versus placebo et leurs résultats sont contradictoires. Dans l'ensemble, les insuffisances, notamment méthodologiques, de ces études ne permettent pas de conclure avec certitude à l'efficacité du baclofène dans le traitement de l'alcoolo-dépendance. Concernant la sécurité d'emploi du baclofène chez les patients alcoolo-dépendants, peu de données existent sur la sécurité d'emploi du baclofène à des doses supérieures à celles de l'AMM, en association avec l'alcool ou en association avec un autre médicament chez les patients alcoolo-dépendants. Toutefois, un surdosage peut induire des troubles de la conscience pouvant aller jusqu'au coma, une confusion mentale, des hallucinations, des convulsions et une dépression respiratoire. De plus, des effets indésirables, tels que l'abaissement du seuil épileptogène ou un syndrome sérotoninergique, sont spécifiquement prévisibles chez ces patients. Aussi, l'AFSSAPS a-t-elle mis en place un suivi national renforcé de pharmacovigilance en mars 2011 et incite les professionnels de santé et les patients à déclarer, au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent, les effets indésirables constatés chez les patients traités par baclofène, particulièrement dans le cadre d'une alcoolo-dépendance. Par ailleurs, afin de mieux appréhender le profil de risque du baclofène, l'AFSSAPS a saisi le réseau des centres antipoison et de toxicovigilance afin de disposer d'une analyse des données des cas de surdosage aigus ou chroniques recensés et de pouvoir préciser la dose seuil à partir de laquelle des signes cliniques d'intoxication pourraient se manifester. Ainsi, même si certaines données expérimentales et cliniques évoquent un effet positif du baclofène dans la prise en charge médicamenteuse des patients alcoolo-dépendants, le petit nombre de patients inclus et les biais méthodologiques des études cliniques ne permettent pas d'établir des recommandations sur l'utilisation du baclofène dans ce contexte. Seules des études cliniques comparatives répondant aux conditions définies dans les recommandations européennes permettront de confirmer ou d'infirmer l'utilité du baclofène dans la prise en charge thérapeutique des patients alcoolo-dépendants, le profil de sécurité d'emploi, un schéma posologique adapté et éventuellement un profil de patients répondeurs. Ainsi, plusieurs études cliniques sont en cours ou sont prévues, notamment aux États-Unis, en Australie et en Allemagne. En France, un projet hospitalier de recherche clinique (PHRC) de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP) a été autorisé en 2009 mais n'a pas démarré à ce jour. Il s'agit d'une étude clinique multicentrique, comparative versus placebo, randomisée, en double insu, visant à évaluer l'efficacité du baclofène à la posologie de 90 mg par jour dans l'aide au maintien de l'abstinence après sevrage hospitalier et chez des patients alcoolo-dépendants. Un programme de recherche incluant cette étude hospitalière et une étude en ville, randomisée et en double insu dont l'objectif est de comparer l'efficacité du baclofène au placebo sur le pourcentage de succès (consommation « normale » ou nulle) à un an, a été retenu au titre du PHRC 2011. Cette seconde étude pourrait démarrer en décembre 2011 ou janvier 2012. Les résultats de ces travaux sont attendus pour 2013. Un point d'information à l'attention du public et des prescripteurs, relatif à l'état des connaissances et rappelant les conditions d'utilisation du baclofène dans l'attente des résultats d'autres études cliniques a été publié en juin 2011 sur le site Internet de l'agence (www.afssaps.fr). En l'état actuel des connaissances, l'AFSSAPS incite à l'extrême prudence et met en garde les médecins contre toute prescription de baclofène en dehors des indications mentionnées dans l'AMM, et rappelle que la prescription d'un traitement médicamenteux doit toujours s'inscrire dans une prise en charge globale de l'alcoolo-dépendance, addiction souvent multifactorielle. Par ailleurs, il peut être rappelé que l'octroi d'une nouvelle indication à un médicament ayant déjà une AMM est soumis au dépôt d'une demande en ce sens par le laboratoire titulaire de ladite AMM.
3 commentaires :
Le 13/05/2011 à 09:04, Sylvie31 (Association BACLOFENE) a dit :
L’alcoolisme est une maladie dévastatrice, responsable en France de 45 000 morts par an pour laquelle il n’existe à ce jour toujours pas de traitement véritablement efficace.
Olivier Ameisen, cardiologue, atteint lui même de cette maladie et réfractaire à tous les traitements disponibles, a très vite été persuadé que cette maladie avait une base neuro-biologique et que le craving en était la clé.
Il cherche alors dans la littérature les médicaments susceptibles d’agir sur le craving et découvre l’efficacité du baclofène sur des rats rendus dépendants : cet effet est dose dépendant, à hautes doses (5mg/kg) ; plus aucun animal n'éprouve le besoin de consommer, aucun autre médicament n’a cet effet.
Devant ces résultats, il émet le postulat que ce qui arrive aux rats peut s’appliquer à l’homme et décide alors de s’administrer du baclofène à haute dose ; à la dose de 270mg/jour il devient indifférent à l’alcool.
Après avoir tenter sans succès d’alerter la communauté scientifique en publiant en 2004 son « case report »
Le baclofène est une ancienne molécule commercialisée depuis plus de quarante ans sous le nom de Liorésal. C’est un myorelaxant agissant comme agoniste des récepteurs GABA-B ; elle a reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM), avec pour seule indication la spasticité d’origine neurologique.
Ses effets secondaires bien connus surviennent principalement en début de traitement, lorsqu'on augmente trop rapidement la posologie ou lorsqu'on utilise des doses élevées. Ils imposent rarement l'arrêt du traitement. Les principaux effets secondaires sont la fatigue, la somnolence, les nausées.
Concernant sa sécurité d’emploi, aucun décès n’a jamais été constaté en prise orale même à des doses extrêmement fortes prises par des personnes tentant de mettre fin à leur jour. Par ailleurs, aucun cas de complications irréversibles dû à une prise de baclofène par voie orale n’a été rapporté dans la littérature ou par les centres anti-poison depuis que le baclofène est utilisé.
Depuis la sortie du livre « le dernier verre » en octobre 2008 par lequel le Professeur Olivier Ameisen a fait connaître sa découverte, des malades alcooliques ont réclamé le traitement et des médecins se sont mis à prescrire le baclofène, le succès a très souvent été au rendez-vous.
Parmi eux, Renaud de Beaurepaire, Psychiatre à Villejuif, le premier à avoir prescrit en France, voici ce qu'il écrit dans le courrier des addictions – N°3 septembre 2010 :
« Un jour, forcément, quelqu’un écrira l’histoire du baclofène. Avec, en toile de fond, cette question, ou plutôt cette énigme : pourquoi des médecins ont pendant si longtemps regardé se dégrader et mourir devant eux des malades atteints d’une maladie, l’alcoolisme, alors qu’ils avaient à portée de main un médicament qui la guérissait ? Des médecins qui ont même refusé de le prescrire ! Une énigme et un scandale, une honte pour la médecine. Le journaliste qui l’écrira sera sans pitié. Les mauvais prétextes, discours mensongers, intérêts financiers et industriels, tous les conflits d’intérêt, pressions exercées par certains organismes… il passera tout au crible. Le livre qu’il tirera de son enquête s’appellera peut-être "Le scandale du baclofène » .
La seule voie proposée jusqu’à présent aux malades alcooliques est l’abstinence, même accompagnée de médicaments anti craving, d’antidépresseur ou d’anxiolitique et de soutien psychologique, une grande majorité de malades n’arrive pas à tenir et rechute tant l’esprit doit lutter et se faire violence pour maintenir au jour le jour l’abstinence.
Si l’alternative « baclofène » permet de guérir, comme le disent les centaines de patients traités par cette molécule à la dose moyenne de 140mg/jour, cela vaut sans doute le coup d’être essayé ...
Nous venons de créer l’association BACLOFENE afin que le plus grand nombre de malades alcooliques aient la chance que nous avons eu : celle de guérir
http://www.baclofene-alcool.fr
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Le 04/12/2011 à 18:13, beni a dit :
bonjour,je m'appelle Benoît je suis alcoolique ,abstinent depuis un an .
Je suis d'accord avec le docteur Ameisen sur les traitements actuels ,ça ne vaut rien ,j'ai vu trois psychologues , ,et pris des comprimés de valium ,j'ai fait plusieurs rechutes et chaque fois la consommation d'alcool était beaucoup plus importante pas au point de l'après rasage mais pas loin .Comment un psy peut il vous guérir ,il ne sait pas de quoi il parle et le valium vous abruti au point de boire pour être mieux.
Si ce baclofene existe depuis 40 ans et que le docteur Ameisen l'a "proposer" a la communauté scientifique depuis 2004 en étant lui même le "cobaye" de cette expérience il y a un gros problème au sein de communauté ,moi et beaucoup d'autres auraient pu éviter la cirrhose .
Maintenant, les médecins ne nous aident pas beaucoup pour ce qui est du suivi ,une échographie tous les 6 mois ,une prise de sang ,une visite ,traitement médicamenteux ,pour le reste rien ,on ne sais pas si ça s'arrange ,si ça se dégrade, pour eux comme pour beaucoup de monde ils n'ont pas encore admis que l'alcoolisme était une maladie au point parfois de me faire douter moi même .
Sur ce je vous remercie de votre courrier très instructif, et j'espère que ce médicament servira a d'autres malades et ce très rapidement .
cordialement,Benoît Desoche.
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Le 07/12/2011 à 21:23, Sylvie31 (Association BACLOFENE) a dit :
Commentaire sur la réponse émise le 1er novembre.
- Il existe peu d'études cliniques comparatives versus placebo : c'est exact, les essais réclamés depuis 2004 par Olivier Ameisen ont été soigneusement repoussés par ceux qui en avaient la charge en France.
Restent des essais à dose trop faible à l'étranger donc non concluants.
- Concernant la sécurité d'emploi du baclofène chez les patients alcoolo-dépendants : que dire de la sécurité d'emploi des benzodiazépines donnés au long court et que dire des ravages de l'alcool sur des personnes pour lesquels tous les traitements sont inefficaces et qui vont de rechutes en rechutes.
- En France, un projet hospitalier de recherche clinique (PHRC) de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP) a été autorisé en 2009 : comme c'est curieux, ce programme n'a toujours pas démarré !! Peu importe d'ailleurs, les données issues des constatations des médecins prescripteurs indiquent une dose moyenne de 140mg de baclofène comme étant efficace. 90mg/j est donc trop faible, mais quel est le but recherché par cet essai ?
- l’afssaps […] rappelle que la prescription d'un traitement médicamenteux doit toujours s'inscrire dans une prise en charge globale de l'alcoolo-dépendance, addiction souvent multifactorielle. : arrêtons de tout mélanger. L’addiction est une maladie neurobiologique qui se soigne très bien par le bac lofène. Comme pour toute maladie peuvent se greffer bien d’autres choses qu’il convient de traiter par ailleurs et en complément.
Sylvie - Association BACLOFENE - http://www.baclofene.org
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