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Mes chers collègues, ce rêve, nous continuons d'y croire et de le réinventer. Il est notre raison d'être et notre voix dans le grand concert des nations.
...sur sa faculté à relever les défis de la mondialisation et des vagues migratoires. Ce questionnement identitaire n'est aucunement un embarras. Il existe chez tous les peuples, et il est au coeur du pacte que nouent les Français lors de chaque élection présidentielle. Ce que je reproche au Président de la République, ce n'est pas d'avoir ouvert un débat, c'est d'en faire un instrument de division nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) C'est de vouloir décréter qui sont les bons et les mauvais Français (Protestations sur les bancs du groupe UMP), comme si de telles catégories avaient le moindre sens.
...aire de préfecture « Qu'est-ce qu'être Français », onze questions sur les quinze ont trait à l'immigration. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Dans chacune de vos interventions, vous brandissez la burqa comme le nouveau chiffon noir de la République. Dans chacun de vos exemples des « fissures » j'ai entendu ce mot tout à l'heure dans la bouche de Jean-François Copé de l'identité nationale, vous pointez le cas de musulmans, vous alimentez les préjugés, vous semez les graines de la discorde on ne peut que le regretter. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Ce qui honore la France, mesdames, messieurs, ce n'est pas de faire la chasse aux « mariages gris », c'est d'être le pays d'Europe qui abrite le plus de mariages mixtes entre conjoints français et étranger. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) À l'oublier, votre administration en vient à multiplier les tracasseries sur l'appartenance nationale de nos concitoyens.
Jusqu'à refuser, personne ne l'a oublié ici, j'espère, un certificat de nationalité à un soldat français qui engage sa vie pour la France en Afghanistan. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
...s unit, vous érigez un mur de suspicion entre eux. Là où ils aspirent à trouver un espoir qui les transcende, vous leur présentez des boucs émissaires. « La France, tu l'aimes ou tu la quittes. » Jamais je ne croyais pouvoir entendre une telle apostrophe dans la bouche d'un Président de la République ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Si c'est ça votre vision de l'identité nationale, alors soyez sûrs qu'elle ne sera jamais aimée ! L'amour d'une nation, c'est l'adhésion du coeur, pas un décret de la peur. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.) À cette conception craintive, nous opposons notre vision d'une fraternité nationale.
Être Français, c'est d'abord assumer l'héritage d'une nation métissée qui se veut indivisible. C'est notre premier pilier. Je veux le dire avec force, contrairement aux affirmations affolées je dis bien affolées , notre système d'intégration continue de marcher. Nos compatriotes issus de l'immigration ne sont pas des Français à moitié. Dans toutes les enquêtes parues à l'occasion de ce débat, ils expriment très majoritairement leur reconnaissance à la ...
Ils partagent les valeurs de la République et ne demandent ni passe-droits, ni discrimination positive. Ce qu'ils veulent, c'est le droit à l'indifférence, c'est n'être plus des étrangers dans le regard des autres, c'est être considérés comme des citoyens ordinaires avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)
Dire cela ne me fait pas sous-estimer les difficultés de ce creuset national : les multiples discriminations au nom et au faciès ; la ghettoïsation des quartiers ; les tentations communautaires ou intégristes. Votre politique concrète contribue à ces tensions. Mais le mal est plus profond. Il touche aux défaillances dans l'effort de remise à niveau des quartiers populaires, avec ces taux massifs de chômage, en particulier chez les jeunes, aux carences de nos règles en m...
Il ne faut jamais se lasser de le dire : la France a la passion de l'égalité et de l'unité. C'est son deuxième pilier. Oui, la nationalité est bien plus qu'un passeport pour ouvrir les frontières. Elle est un contrat de solidarité entre ses citoyens mais aussi avec ceux que le pays accueille. Et ce rappel doit valoir pour tout le monde : pour les expatriés de la fortune comme pour les jeunes des cités,
...yenneté qui se réduit à la consommation n'est plus la citoyenneté. Nous avions déposé il y a quelques années une proposition de loi que vous aviez rejetée. Nous sommes prêts ; faisons-le ensemble, ce service civique ! Le troisième pilier de notre identité, que vous refusez de voir en face, c'est le modèle social. Il a été évoqué par le Président de la République à Versailles, à propos du Conseil national de la Résistance. Le modèle social français, c'est l'abolition des privilèges qui fait partie de notre patrimoine, au même titre que la langue, l'histoire ou la culture.
Il n'y aura jamais de cohésion nationale sans cohésion sociale. La République s'est constituée sur l'idée de justice, de progrès commun, de répartition des efforts. C'est la grande faute de Nicolas Sarkozy. Le défenseur autoproclamé de « la France éternelle » est celui-là même qui sape son armature la plus solide : le modèle social français. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Tout ce qui relève de la solidarit...
...e modèle de société qu'on leur propose. Voilà la question centrale à laquelle vous ne répondez pas, bien sûr, puisque c'est le résultat de votre politique. Le quatrième pilier, je voudrais l'évoquer parce qu'il faut que les masques tombent dans ce débat. Quand vous dénoncez l'école comme une armée rouge sans cervelle, vous prenez la responsabilité d'ébranler ce quatrième pilier de notre identité nationale : qui sont, aujourd'hui encore, les premiers hussards du civisme ? Les professeurs ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.) Qui sont, aujourd'hui encore, les premiers transmetteurs de notre histoire et de sa langue ? Les professeurs !
...variable selon que l'on est chrétien, juif, musulman ou athée. (Même mouvement.) Nos compatriotes musulmans sont les premières victimes de l'intégrisme. C'est avec eux et non contre eux que nous prouverons que l'islam, deuxième religion de France, peut être en harmonie avec la démocratie et la laïcité. Et c'est par quoi je veux conclure, mes chers collègues : « Ne laissons pas tomber l'identité nationale dans n'importe quelles mains », écrivait Fernand Braudel en conclusion de son fameux ouvrage, L'identité de la France.
Méfions-nous des emportements ! Les tragédies de l'histoire nous ont rapprochés en tout cas, je l'espère. Je sais que nous avons tous le souvenir et la même aversion pour ces hommes du passé qui, malheureusement à cette tribune, désignaient à la vindicte « les mauvais nationaux » en pointant du doigt un président du Conseil parce qu'il était juif. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
... « égale » entre les croisades et l'édit de Nantes, entre la colonisation et la résistance, entre le despotisme de l'Ancien régime et la République démocratique ! La grandeur d'un peuple, c'est de savoir regarder en face ses lumières et ses ombres, sans repentance, mais sans concessions. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Ce que nous devons, c'est transmettre une idée de la nation qui dépasse ses racines multiples et parfois opposées. C'est construire une mémoire partagée qui concilie la vérité et l'estime de soi. C'est offrir à tous les Français les mêmes droits et les mêmes devoirs, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques. Ce que nous voulons, c'est enraciner une adhésion du coeur dans laquelle chaque enfant de la République puisse se reconnaître. « Ê...