Oui, on doit assurément parler de surdité. Vous qui n'avez de cesse de nous rappeler que nous sommes aujourd'hui dans un monde ouvert, ouvrez donc vos oreilles. N'avez-vous pas entendu les nombreuses associations qui protestent dans tout le pays ? N'avez-vous donc pas entendu ces dizaines de milliers de manifestants qui crient dans les rues leur désapprobation ? N'avez-vous pas remarqué – le fait est pourtant assez rare pour être relevé – que les représentants des cinq confédérations syndicales représentatives, CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC, se sont fendus d'un courrier commun à l'attention du Premier ministre pour dénoncer ce projet « injuste et économiquement inefficace ».
Le désaccord et l'indignation portent autant sur le fond que sur la forme. Bien sûr tout le monde est d'accord pour lutter contre le cancer ou la maladie d'Alzheimer, et tout le monde est d'accord pour qu'on s'en donne les moyens. Mais, pour commencer, les recettes dégagées seront loin d'être suffisantes. Est-on vraiment sûr ensuite qu'elles seront affectées à la lutte contre le cancer ou la maladie d'Alzheimer ? Mais le plus choquant est l'utilisation de situations aussi dramatiques pour montrer du doigt et culpabiliser les plus fragiles, malades et pauvres si possible. Parce que c'est de cela qu'il s'agit : culpabiliser, pénaliser. Vous êtes malades ? Eh bien vous paierez. On laisse ainsi prospérer l'idée que le déficit de l'assurance maladie est dû à la gratuité et à l'accessibilité des soins.
Votre calcul est d'autant plus mauvais que seule une politique de prévention permet des économies réelles, alors que ce vous que vous proposez est dissuasif. Déjà plus de 20 % d'assurés chaque année ne consomment aucun soin ni médicament.