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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 1er décembre 2008 à 16h00
Rappels au règlement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Rappel au règlement, madame la présidente, pour exprimer notre dégoût de ce qui est arrivé au journaliste Vittorio de Filippis, traité comme un vulgaire malfrat dans une affaire de diffamation.

Dans notre histoire judiciaire, c'est la première fois que, dans une affaire de presse, quelqu'un se voit ainsi interpellé, menotté, déshabillé, humilié et traité de « racaille ». On est d'autant plus en droit de s'inquiéter d'une telle dérive sécuritaire qu'elle vient après la condamnation de l'association Droit au logement, au motif que celle-ci hébergeait sous des tentes des personnes sans abri, désormais considérées comme de véritables rebuts ; après les poursuites engagées par la Direction centrale du renseignement intérieur contre des jeunes du mouvement alternatif, accusés, sans aucune preuve, de terrorisme, alors qu'aucune attaque contre des personnes n'a été commise. Quand notre justice en est presque à se soumettre aux injonctions de la police, on est en droit de s'inquiéter des menaces qui pèsent sur nos libertés.

Je le dis en ces lieux, madame la présidente, car le projet de loi que nous examinons depuis la semaine dernière porte lui aussi atteinte à une liberté constitutive de toute grande démocratie, la liberté d'expression, de même qu'à l'accès à la connaissance et à la culture, puisqu'il remet en cause le service public de l'audiovisuel.

J'ajoute que l'interpellation de M. de Filippis, un des responsables du journal Libération, s'inscrit dans le cadre d'une campagne d'intimidations envers la presse : demain après-midi, la commission des lois de notre assemblée examinera, après le Sénat, le projet de loi relatif à la protection des sources. La chasse aux journalistes est désormais ouverte : en témoignent les multiples interventions de la justice ou de la police dans les rédactions, qui ont porté atteinte à un principe sacré de la profession.

Lois, interpellations, arrestations dans des conditions iniques et scandaleuses : l'addition de toutes ces méthodes, plus dignes d'un régime autoritaire que d'une démocratie, montre que la représentation nationale doit se saisir de l'affaire touchant M. de Filippis. Combien d'hommes et de femmes, étrangers, sans-papiers vulnérables et précaires, sont-ils soumis à de telles pressions et à de telles humiliations dans notre pays ? Ce qui arrive à Vittorio de Filippis doit inquiéter l'ensemble des Français, car ce sont leurs propres libertés que l'on menace, c'est-à-dire des principes fondateurs de notre loi fondamentale.

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