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Intervention de Philippe Vitel

Réunion du 26 septembre 2007 à 15h00
Accord entre la france et l'agence spatiale européenne relatif à l'ensemble de lancement soyouz au centre spatial guyanais — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, comme il est difficile de parler après la très brillante démonstration de Mme la rapporteure qui connaît son sujet sur le bout des doigts et qui a exprimé l'amour qu'elle voue au département qu'elle représente à l'Assemblée nationale. Encore bravo pour cette prestation.

Dès 2008, le lanceur russe Soyouz décollera du port spatial européen de Kourou et Sinnamary – j'ai appris aujourd'hui que cette commune était concernée par ce port spatial. C'est un événement historique, puisque ce sera la première fois que ce lanceur s'élèvera d'une base autre que celle de Baïkonour ou Plessetsk, en Russie.

Soyouz en Guyane s'inscrit dans la lignée des partenariats stratégiques que la France a déjà noués avec les grandes nations spatiales extra-européennes. Dans le domaine spatial, la France entretient une coopération de longue date avec la Russie : entraînement de nos astronautes à la Cité des étoiles, interopérabilité des systèmes de satellites, vols habités. L'implantation du lanceur Soyouz en Guyane, décidée lors du conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne du 27 mai 2003 à Paris, en est l'aboutissement.

Grâce à la position géographique particulière de la Guyane, proche de l'équateur, Soyouz nouvelle version pourra lancer des charges utiles plus grosses. Soyouz-ST est la nouvelle version du lanceur qui a fait ses débuts, il y a cinquante ans, avec la mise en orbite de Spoutnik et le premier vol habité de l'histoire. Il bénéficie donc de performances accrues, grâce à sa nouvelle structure et au fait que la proximité de l'équateur augmente ses capacités de propulsion.

Soyouz, c'est cinquante ans d'histoire spatiale. C'est le nom d'une série de lanceurs spatiaux russes, imaginés par Sergueï Korolev, et utilisés depuis 1957 pour les vols habités. Les Soyouz succédèrent au programme Voskhod et furent, au départ, conçus dans une forme plus lourde pour des vols lunaires habités. Ils furent ensuite utilisés pour amener les cosmonautes dans les stations Saliout, Mir et dans la Station spatiale internationale. Soyouz est bien l'héritière de la célèbre fusée Semiorka qui est à l'origine de nombreux exploits : premier lancement d'un satellite artificiel, premières sondes interplanétaires, premier vol d'un homme autour de la terre.

Près de cinquante ans après son vol inaugural, la fusée de Korolev continue donc sa carrière. Toutes versions confondues, elle totalise aujourd'hui plus de 1 800 exemplaires produits et lancés, en 90 générations différentes !

Pourquoi Soyouz en Guyane ? Allier le lanceur le plus fiable du monde et la base de lancement la plus performante, voilà le défi de cette convention. Le programme Soyouz en Guyane se dote de toutes les chances de réussite au sein de la nouvelle famille européenne composée des lanceurs Ariane et Vega.

Issu d'une collaboration internationale inédite entre la France et la Russie, ce programme de l'Agence spatiale européenne permettra de disposer d'un lanceur de moyenne gamme, particulièrement bien adapté aux besoins européens, notamment pour les satellites de moins de trois tonnes en orbite géostationnaire, ainsi que pour les satellites basse ou moyenne orbite tels que Galileo.

Tout en renforçant la coopération stratégique à long terme avec la Russie, ce programme pourra également ouvrir la possibilité de mettre en oeuvre des vols habités depuis la base de lancement européenne grâce à l'utilisation d'un lanceur simple et robuste, dont la technologie est largement éprouvée, et qui a assuré plus de 1 800 vols depuis cinquante ans.

La Russie et l'Agence spatiale européenne ont signé, le 21 mars 2005, un accord ouvrant la voie à une coopération étroite dans le domaine de l'échange d'informations et l'utilisation des infrastructures. D'après cet accord, l'Agence spatiale européenne autorise la Russie à utiliser les infrastructures du port spatial européen à Kourou pour le lancement de fusées Soyouz. Cet accord envisage le développement de nouvelles installations pour le lanceur russe.

Du point de vue financier, le coût global du programme est de 344 millions d'euros, dont 121 sont consacrés à l'amélioration et à la qualification opérationnelle du lanceur Soyouz, la gestion étant assurée par Arianespace, sous contrat CNES, et le financement par la Russie. Pour ce qui concerne la construction de l'ensemble de lancement, l'Agence spatiale européenne apporte un financement de 233 millions d'euros grâce aux fonds des sept États participants – France, Italie, Belgique, Allemagne, Espagne, Suisse et Autriche. La part de notre pays s'élève à 63 % ; quant à l'Union européenne, elle devrait participer à hauteur de 9 % et les six autres États à hauteur de 28 %. La France a donc une nouvelle fois montré qu'elle était une force d'impulsion dans le domaine spatial européen.

En conclusion, ce projet répond à mon sens à deux enjeux majeurs, à commencer par un enjeu commercial. Avec Soyouz en Guyane, l'Agence spatiale européenne dispose d'une gamme complète de lanceurs : un lanceur adapté aux satellites lourds avec Ariane 5, un lanceur pour satellites moyens avec Soyouz-ST, et un lanceur léger, enfin, avec le programme Vega. Arianespace pourra ainsi consolider sa position de leader sur le marché des lancements de satellites.

Le projet a également un impact bénéfique pour le développement régional, puisqu'il devrait générer des emplois directs et indirects – travaux de terrassement et d'infrastructures, maintenance des installations et moyens de l'ensemble de lancement Soyouz. On estime ainsi qu'environ 250 emplois seront créés.

Nous ne pouvons donc, mes chers collègues, que nous féliciter de cet accord, lui apporter tout notre soutien et lui adresser nos meilleurs voeux de réussite. (Applaudissements sur divers bancs.)

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