Notre débat a pris un tour extrêmement intéressant, monsieur le président, car il nous permet d'être au coeur de la réflexion engagée. Surtout, il montre les limites des leçons d'économie que d'aucuns veulent nous donner.
Il est clair, monsieur le ministre, que la réduction du temps de travail ne suffit pas à elle seule à créer de la dynamique économique ou à relancer celle-ci. Mais elle comporte d'autres éléments d'une extrême importance – temps de loisirs supplémentaire, dialogue social rétabli au sein des entreprise, reconnaissance d'autres facteurs économiques que la valeur travail – qui ont bel et bien été pris en compte lors de l'élaboration des lois Aubry.
Il y a des chiffres qui vous déplaisent, je le sais. Il n'en reste pas moins qu'ils relèvent de constats partagés par tous les économistes, quels qu'ils soient. D'abord, les 35 heures ont créé entre 300 000 à 400 000 emplois, pour ne prendre que l'estimation basse, aujourd'hui admise par tous. Ensuite, le taux de création d'emplois en 1999 et 2001 a été, en France, de 50 % supérieur à ceux des autres pays européens. Les années 1998 à 2002 constituent la période où l'emploi salarié a le plus progressé dans notre pays, avec une augmentation moyenne de 2 % chaque année, au lieu de 0, 7% de 1990 à 1997 et de seulement 0,5 % à partir de 2003.
Vous ne cessez de nous dire que la logique de la réduction du temps de travail est un frein à la croissance. Mais il ne faut pas oublier que c'est entre 1998 et 2002 que le taux de croissance a été le plus important avec 2,7 % en moyenne annuelle, à comparer avec la prévision de 1,6 % annoncée par l'INSEE pour 2008.