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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 9 octobre 2008 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Étant non inscrit, c'est la première fois que je prends la parole et je vous suis très reconnaissant, monsieur le président, d'avoir accepté de me la donner.

Je commencerai par une citation – de moi : « Pendant que tu dissertes du monde des spéculateurs, tes campagnes meurent dans le silence des agneaux. » (Sourires.)

Je salue l'exercice difficile auquel se sont livré Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour avoir essayé moi-même à plusieurs reprises de concilier, certes dans un cadre beaucoup plus restreint des intérêts divergents et contradictoires, je ne peux que saluer ce qu'ils ont réussi à faire avec ce texte de loi. Mais je ne partage pas votre bonheur. Je suis malheureux.

Patrick Ollier parlait tout à l'heure du rôle que le général de Gaulle avait redonné à l'État. Or, depuis trente ans, ce rôle s'est affaibli jusqu'à disparaître, condamnant l'égalité des chances ainsi qu'une certaine idée de notre pays et de ses campagnes.

Aujourd'hui, l'État n'intervient plus dans nos campagnes que pour émettre des directives, des textes, toujours plus contraignants. Ces campagnes, qui représentent 70 % de notre territoire, n'ont pourtant pas démérité, pour la plupart ; la nature y est restée exceptionnellement belle ! Mais de plus en plus souvent, hélas !, nos communes perdent leurs agriculteurs, leurs artisans – elles n'ont plus d'avenir.

Je crains que ce texte sur le Grenelle ne soit qu'une couche de feuilles supplémentaires qui s'abatte sur nous, et nous empêche plus encore de respirer, de faire le moindre projet.

Je serai bref, et ne prendrai que deux exemples : le Grenelle de l'environnement a supprimé le projet de liaison autoroutière entre Pau et Oloron – elle était pourtant prête, et devait se substituer à la tragique RN134 qui voit, chaque dimanche matin, agoniser des jeunes de vingt ans qui rentraient seulement chez eux. Dans le même temps, on supprime la maternité : les femmes qui auront encore le courage de vivre dans ces régions devront faire deux heures de route pour aller accoucher à Pau. C'est dur à vivre.

Je suis aussi abasourdi par l'évolution du vocabulaire ; j'ai fait le pari que, pendant ces huit jours, nous allions employer au moins un million de fois les mots « développement durable » – ils sont très à la mode, mais concrètement, que nous apportent-ils ? J'aimerais le savoir.

J'aurais aimé une démarche ambitieuse pour nos territoires, pour nos campagnes, pour nos villages. Nous parlerons, certainement, des villes et des banlieues ; nous débattrons de grands principes qui ne se traduiront jamais dans les faits ; comme on ne pourra pas tout réaliser, j'ai bien peur qu'on ne se rabatte une fois de plus sur la contrainte, et que celle-ci ne pénalise une fois de plus nos campagnes.

Je vous en dirai un peu plus à propos d'un autre article ; pour le moment, je propose simplement d'élever Nicolas Hulot au rang de père de la Nation, et même, profitant des bonnes relations qu'entretient le Président de la République avec le pape, de le canoniser. (Sourires.) Il serait en effet prudent de le mettre à l'abri de la justice, qui risque de lui demander un jour des comptes : car c'est bien l'argent des grands spéculateurs les plus pollueurs qu'il blanchit, ou verdit, dans sa fondation !

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