Il faut opérer une réforme fiscale d'ensemble visant à limiter la rentabilité des investissements financiers, plafonner à 10% la part des dividendes dans l'autofinancement brut. Il faut, enfin, réduire les inégalités de revenus, notamment à l'égard des grandes fortunes et, pour ce faire, supprimer les avantages exorbitants représentés par les éléments de rémunération, indemnités et avantages du type des parachutes dorés, golden hello et autres stock-options. Il faut décider d'un prélèvement exceptionnel sur les grandes fortunes et, enfin, supprimer le bouclier fiscal.
Au plan européen, la France doit engager avec ses partenaires un processus de négociation visant à mettre fin à l'indépendance de la Banque centrale européenne, à changer sa politique de crédit et à mettre fin à la politique de concurrence et de dumping social et fiscal ; à entreprendre sans tarder l'éradication des paradis fiscaux et bancaires et à élaborer une politique industrielle commune pour répondre aux grands enjeux de demain. Il est également nécessaire de mettre en place une politique de taxation des importations aux frontières de l'Union en tenant compte des normes sociales et environnementales – en vigueur ou pas – dans les pays d'origine des produits.
Alors que nous subissons de plein fouet les conséquences de l'application des dogmes de l'Europe libérale, il convient de reconnaître que la poursuite dans la voie de la libéralisation à marche forcée ne permet pas de répondre aux urgences auxquelles nous sommes confrontés. Il faut revenir sur les privatisations, remettre dans le domaine public des secteurs privatisés au premier rang desquels figurent France Télécom, Air France, EDF-GDF. Il faut créer des services publics européens, notamment dans les secteurs de l'énergie, des transports et de la communication.
S'agissant, par exemple, du « paquet énergie-climat » à l'ordre du jour du Conseil européen de demain, force est de constater que le productivisme capitaliste détruit les deux sources de la richesse sociale : le travail par l'exploitation acharnée ; la nature et les ressources naturelles par leur pillage et leur gaspillage. Bien entendu, nous ne pouvons qu'approuver l'ambitieux dessein de la Commission présenté dans le cadre du « paquet énergie-climat ». Mais, alors que la conférence de Poznan va s'achever et à la veille de la conférence de Copenhague en 2009, les États membres peinent à trouver un consensus en la matière. Contribuer à relever les défis énergétiques et climatiques du XXIe siècle est une responsabilité européenne, mais cela ne peut aller de pair avec une course effrénée à la rentabilité ou une concurrence débridée. Nous considérons que la réalisation de ces objectifs ambitieux appelle la mise en oeuvre d'un autre mode de croissance et de développement tout à la fois durable et soutenable, social et solidaire. Pour cela, il convient de s'affranchir des politiques libérales européennes et internationales actuelles. Nous estimons qu'il est possible et nécessaire de construire une autre Europe en intégrant le dépassement de la crise écologique comme l'un des éléments majeurs de la transformation sociale, ce qui passe par la mise en place d'un service public européen de l'énergie garanti par un pôle public…