Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, le programme du Conseil européen qui s'ouvre demain sera, une nouvelle fois, essentiellement consacré à la lutte contre la crise financière et la récession dans laquelle l'Europe est plongée et dont pâtissent directement nos concitoyens. Les dirigeants européens devront se prononcer sur le « plan de relance » présenté par la Commission européenne. Sur les 200 milliards d'euros proposés, seuls 5 milliards seront en fait réinjectés dans l'économie réelle, au nom de la Communauté européenne, les 195 milliards qui restent étant des plans d'État.
Le plan présenté par la Commission européenne manque d'ambition. Il consiste, en fait, à octroyer un label européen aux plans de relance nationaux déjà annoncés. Sur le fond, nous déplorons qu'aucune directive ne soit donnée et qu'aucune recommandation ne soit faite aux États de veiller à ce que l'argent mobilisé serve bien l'emploi et le pouvoir d'achat.
Croyez-vous que les Français soient rassurés par votre mobilisation en faveur des banques et des entreprises ? Votre gouvernement ne parle que des banques et minimise les conséquences sociales de cette crise. Pourtant, les plans sociaux, les fermetures d'usines et l'aggravation du chômage – vacances forcées pour plusieurs semaines dues au chômage technique – témoignent des conséquences dramatiques de cette crise pour les salariés et les chômeurs. À titre d'exemple, en Seine-Maritime, la crise se traduit concrètement par des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines – nous l'avons souvent évoqué dans cet hémicycle – à Renault Sandouville : 1150 suppressions d'emplois ; à Millenium au Havre : 280 suppressions d'emplois ; à Cooper Standard à Lillebonne et Bolbec : 81 suppressions d'emplois. La presse locale avait consacré une page entière aux entreprises fermées, condamnant les salariés à des vacances forcées. Je ne donne que ces exemples, mais la liste est bien plus longue. La situation est catastrophique pour les salariés !
Les Français sont exaspérés de voir que votre gouvernement et les dirigeants européens sont capables de mobiliser des centaines de milliards pour garantir les banques et pas un seul pour garantir les salaires, même dans les cas de chômage technique, et pour obliger les entreprises à garantir l'emploi. Bref, ce plan de relance de la Commission ne répond manifestement pas aux attentes de nos concitoyens !
Nous devons être conscients que nous ne traversons pas une simple crise conjoncturelle, un mauvais moment à passer avant de repartir de l'avant. Nous vivons l'échec du système du capitalisme ! Au-delà des discours naïfs et autres gesticulations de nos gouvernants, leur responsabilité politique est engagée pleinement !
Nous avons, pour notre part, formulé des propositions pour en finir avec ce modèle économique qui est en faillite. Nous proposons, en premier lieu, la création d'un pôle financier public ayant pour mission de garantir l'accès à des crédits à faible taux afin de permettre aux entreprises de développer la recherche, l'emploi et l'investissement productif.