Le Conseil européen qui se tiendra à partir de demain à Bruxelles sera l'un des derniers temps forts d'une présidence française de l'Union européenne au cours de laquelle s'est manifestée, d'une manière plus criante que jamais, la nécessité d'une Europe unie.
Non contente de suivre au cours de ce semestre le programme de travail ambitieux qu'elle s'était fixée, la présidence française, dont je tiens au nom du groupe Nouveau Centre à saluer une nouvelle fois l'action, a également eu à faire face à des crises qui, nous le mesurons tous ici, appellent des réponses collectives et concertées tant elles ignorent nos frontières nationales.
Saisissante par son ampleur comme par la rapidité de sa contagion à la sphère financière mondiale, la crise financière à laquelle nous sommes confrontés – comme la plupart des économies mondialisées – aura, malgré les doutes et les incertitudes qu'elle continue d'imposer à nos concitoyens, au moins été utile en ce qu'elle a permis l'émergence, dans les faits comme dans les consciences, d'une Europe plus protectrice. Songeons aux conséquences qu'aurait eues la crise sur les économies européennes si l'union monétaire et l'euro n'avaient pas existé ! Songeons à la violence des mouvements qui auraient agité les marchés de change européens et qui auraient acculé nombre d'Etats, dont probablement la France, à un sévère relèvement de leurs taux d'intérêt. (Applaudissements sur les bancs du groupe Nouveau Centre.) Ainsi l'euro a-t-il non seulement joué le rôle d'un véritable bouclier mais, grâce à l'union monétaire, la Banque centrale européenne a pu s'engager dans une politique de baisse de ses taux directeurs.
Aucun État européen n'ayant la capacité de parer seul aux effets de la crise, et le bon sens prenant le pas sur les approches idéologiques, nous avons vu s'élaborer, par le biais d'une méthode jusqu'alors inédite, une réponse commune à l'ensemble des États membres. Le Conseil européen devra permettre d'aller plus loin encore, en définissant notamment une articulation efficace entre les plans nationaux de relance et les initiatives de la Commission. À l'heure où nous sommes confrontés à l'interdépendance manifeste des économies comme des circuits financiers, la concertation est l'une des conditions sine qua non du succès des initiatives qui seront prises.
La crise que nous traversons – et avec nous l'ensemble de nos partenaires européens – est l'occasion pour l'Europe de retrouver le coeur de ses citoyens. Pour cela, elle doit s'imposer comme le véritable cadre de réponse à cette crise en mobilisant l'ensemble des leviers dont elle dispose. À ce titre, le Nouveau Centre renouvelle sa proposition en faveur du lancement d'un programme de grands travaux à l'échelle européenne – une vieille idée défendue en 1993 par Jacques Delors dans son Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l'emploi, qui permettrait de moderniser les grandes infrastructures de notre continent en s'appuyant sur le lancement d'un grand emprunt via la Banque européenne d'investissement et qui aurait un impact fort sur la confiance des acteurs de notre économie. (Applaudissements sur les bancs du groupe Nouveau Centre.)