Il n'est pas plus justifié de contester la qualité des employeurs que de contester la volonté des salariés de travailler, monsieur le rapporteur. Le débat ne se réduit pas à affirmer que les employeurs sont mauvais ou que les salariés sont méchants. Rabaisser les arguments que nous avons présentés depuis trois jours à une telle caricature n'a aucun sens.
En second lieu, je continue à m'interroger sur le sens de ce référendum. Tout le monde affirme ne pas vouloir toucher au droit de grève, ne pas contester le fait qu'il s'agit d'un droit individuel. On vote pour la poursuite ou l'arrêt de la grève, mais cela n'empêche personne de la poursuivre. C'est le bénéfice du dispositif de l'exercice individuel.
Je pense que, derrière cet alinéa, se cache la volonté d'entamer réellement la possibilité de faire grève. Pour cela, vous prenez à témoin les autres, ceux qui ne sont pas dans le conflit. Il est toujours facile de faire juger sévèrement une grève par ceux qui ne sont pas dans le conflit, mais qui supportent les gênes occasionnées. On peut se trouver, un jour, dans la situation de se révolter, de revendiquer le bénéfice de ses droits. On prend des risques en jouant sur les égoïsmes immédiats des gens. Les sondages de ces derniers jours ont montré que les personnes qui réagissent par rapport à leur problème ne prennent pas en compte les enjeux fondamentaux, ce qui pourrait leur faire regretter, un jour, que l'on ait entamé les principes du droit de grève.
À quoi servira le référendum ? À faire constater publiquement qu'une majorité ne veut pas poursuivre la grève. Mais comme vous dites que cela n'affecte pas l'exercice du droit de grève, pourquoi alors provoquer ce référendum ?