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Intervention de Françoise Olivier-Coupeau

Réunion du 1er juillet 2009 à 21h30
Gendarmerie nationale — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Olivier-Coupeau :

…où je me demanderai pourquoi personne n'avait pensé à tout cela plus tôt.

L'affaire que vous nous proposez, monsieur le ministre, est une double escroquerie. Une escroquerie parce que vous tentez de nous faire croire que le détachement de la gendarmerie nationale améliorera la sécurité dans notre pays, ce qui est faux. Mais c'est avant tout une escroquerie parce qu'on essaie de nous faire croire que cette décision est de nature technique, ce qu'un rapide coup d'oeil du texte pourrait, à tort, laisser croire.

Nous pourrions vous pardonner d'être dans l'erreur, et même vous absoudre d'y persévérer, mais nous ne pouvons vous pardonner de mentir. La maréchaussée est l'une des plus anciennes institutions du pays, sinon la plus ancienne ; elle est aussi l'une des plus illustres. Elle est militaire depuis toujours et a toujours été rattachée au plus haut niveau de l'État.

Le terme même de maréchaussée le rappelle : celle-ci a servi en tous temps et en tous lieux, partout où la France était, et sur tous les champs de bataille où flottaient et flottent encore les trois couleurs de la République. Le gendarme a accompagné toutes les mutations de la société française et constitue une forme de jalon national. Mais sans doute en va-t-il ici de même que pour toute réforme sarkozyenne : il faut brûler ce qui est ancien, éprouvé, robuste, économique et efficace. Il n'est point de salut hors du bouleversement : il faut changer pour changer.

De quelle façon le Gouvernement colore-t-il ses errements ? En nous racontant la fable qu'il nous sert aussi pour justifier le fait que, demain, le ministère de la défense devra supprimer 70 000 postes, mais que ce sera mieux, l'optimisation ayant son pendant, son jumeau, son siamois : la mutualisation. Pourquoi pas, après tout ? Qui peut s'opposer à une meilleure gestion de l'État ? Pas nous. Sauf que ce ne sera pas le cas, monsieur le ministre. Les faits sont comme les Bretonnes : têtus.

Quant aux écrits, ils restent. Ainsi, le compte rendu de la réunion que nous avons eue avec votre prédécesseur, Mme Alliot-Marie, est éclairant. Comment a-t-elle justifié le projet de loi ? D'abord par les nouvelles menaces auxquelles notre pays est confronté : argument usé jusqu'à la corde tant il a servi pour le Livre blanc... Quelles sont-elles ces menaces nouvelles ? Le terrorisme, nous dit-on. Assurément, c'est une nouveauté ! Le XXe siècle, en son commencement, fut déjà troublé par les attentats dits « anarchistes » ; quant au terrorisme nationaliste, il fut, à Sarajevo, la cause immédiate du déclenchement de la Première guerre mondiale. Le 9 octobre 1934, le président Louis Barthou et le roi Alexandre de Yougoslavie furent assassinés à Marseille. Dois-je vous rappeler que le général de Gaulle lui-même, au rond-point du Petit-Clamart, eut la vie sauve grâce à la chance et au sang-froid du colonel de Boissieu et de son chauffeur, le gendarme Marroux ? Ai-je réellement besoin de rappeler ce que fut le terrorisme des années soixante-dix en Allemagne et des années quatre-vingt en France ? A-t-on oublié l'attentat de l'aéroport de Rome, celui de la rue des Rosiers ou les assassinats de l'ingénieur général Audran et de Georges Besse en 1985 et 1986 ? (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

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