…dès lors que ce projet porte notre rayonnement culturel et bénéficie entièrement à nos musées.
Les Émirats nous avaient demandé une grande discrétion, car ils menaient d'autres négociations avec cinq autres musées qui s'installeront sur cette île. Toutefois, dès que cela a été possible. M. Donnedieu de Vabres, mon prédécesseur, a été auditionné au Sénat par la commission des affaires culturelles et il a réuni tous les directeurs de musée pour leur exposer le projet. Il n'y a eu bien évidemment aucune volonté d'opacité.
Je m'engage d'ores et déjà, très clairement, à ce que l'Agence réponde à toutes les invitations du Parlement et travaille dans la plus totale transparence sur tout ce qui sera fait au cours des prochaines années sur le projet d'Abou Dabi.
Les personnels seront recrutés par les Émiratis. Nous exporterons nos experts, nos spécialistes. Nous formerons des scientifiques, cela fait également partie de l'accord.
Quelqu'un a suggéré que, en bâtissant sur cette île, on porterait atteinte à une réserve naturelle. À moins de considérer que tout projet dans cet environnement est en soi une catastrophe pour la nature ! Il ne s'agit pas, je souhaite le préciser, d'une réserve naturelle, mais d'une île déserte, couverte de sable.
Plusieurs orateurs ont déploré que les visiteurs de nos musées français soient privés de nos chefs d'oeuvre exportés. Il convient de revenir à la réalité. Chaque année, 30 000 prêts sont réalisés, tant en France, qu'à l'extérieur, par nos musées. Le Louvre expose environ 35 000 oeuvres sur 170 000, auxquels il faut ajouter tous les dessins. Nous parlons là du prêt de 300 oeuvres par an, puis de 250 et enfin de 200. C'est donc très limité. Ces prêts sont accordés pour une période courte de six mois à deux ans, plus brève que celle des dépôts entre nos musées français, qui peut durer jusqu'à cinq ans. Les visiteurs ne ressentiront donc pas, je crois, un sentiment de perte, de privation. Si, d'aventure, on ne pouvait pas voir le tableau que l'on voulait admirer, on le retrouverait assez vite. En revanche, cela permettra aux 150 millions de visiteurs potentiels de cette région, sans compter les touristes, de découvrir des oeuvres. Nous sommes très contents de recevoir des touristes dans nos musées. J'étais ravie d'en accueillir à Versailles.
Monsieur Bloche, il ne s'agit pas de 40 000 mètres carrés, mais de 6 000, sachant que le Louvre de Lens fait 22 000 mètres carrés, cela permet de relativiser ce projet.
Monsieur Rochebloine, vous avez également souligné l'excès de discrétion. Par ailleurs, s'agissant du prêt des oeuvres, il est évident qu'il ne se fait pas contre l'avis des conservateurs – je parle en présence de Mme la directrice des musées. J'ai vécu cette situation à Versailles. Des clauses prévoient que les oeuvres fragiles. Les oeuvres seront prêtées dans des conditions de sécurité totale, laquelle fera l'objet d'une très grande attention. J'ajoute que le musée sera climatisé.
M. Rogemont a souligné son attachement à la notion d'autonomie des musées. Je ne crois pas que ce projet y soit contraire. Aujourd'hui, tous nos plus grands musées participant au conseil d'administration sont partie prenante. Ils sont très intéressés. Ce projet a suscité au départ de nombreuses interrogations, mais il est aujourd'hui très largement porté.
Je me suis rendue, cet été, au musée Guggenheim de Bilbao. J'ai admiré l'exposition de Richard Serra et la magnifique exposition Kiefer.