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Intervention de François Rochebloine

Réunion du 9 octobre 2007 à 15h00
Accords france-Émirats arabes unis relatifs au musée universel d'abou dabi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine :

On a parlé de centaines de milliers d'oeuvres ; mais il s'agit de dessins, de gravures et de séries archéologiques d'étude. Or, le versement par nos partenaires d'une contribution financière importante justifiera qu'ils exigent le dépôt temporaire et le prêt d'oeuvres de premier ordre, qui seront, dès lors, absentes des salles de nos musées. Madame la ministre, quelles dispositions comptez-vous prendre pour répondre aux attentes des partenaires du musée du Louvre d'Abou Dabi, sans amoindrir l'intérêt des collections du musée du Louvre pour ses visiteurs ? Ceux-ci sont attirés par la qualité des oeuvres exposées et pour de multiples raisons, ils ne pourront pas, ou ne voudront pas, faire le déplacement à Abou Dabi pour admirer les chefs-d'oeuvre nouvellement prêtés.

Des interrogations subsistent également sur l'utilisation qui sera faite des crédits obtenus de l'étranger en échange du prêt des collections. Nous souhaitons obtenir toutes les garanties nécessaires afin que ces sommes ne constituent pas un substitut aux dotations budgétaires des institutions culturelles, notamment dans les collectivités territoriales, mais bien un complément de ressources spécialement affecté aux opérations d'investissement, en particulier aux acquisitions et à la restauration d'oeuvres. Madame le ministre, quelles garanties le Gouvernement peut-il donner à ce sujet ?

Sur le marché de l'art, comme entre les grands musées à travers le monde, la concurrence internationale est forte. Notre pays dispose de formidables atouts dans ce domaine, avec un patrimoine d'une richesse exceptionnelle et une expertise reconnue. Il semble pertinent de permettre à nos grands musées nationaux, en particulier au musée du Louvre qui, avec plus de huit millions de visiteurs, est le plus grand musée du monde, de développer des coopérations internationales et de valoriser ses richesses tout en contribuant à la diffusion du modèle de musée universel.

Bien entendu, cela ne doit pas se faire dans n'importe quelles conditions. Le cas de la Fondation Guggenheim illustre les dérives qu'une approche strictement commerciale peut engendrer.

Cette coopération culturelle d'une ampleur inédite devrait aussi favoriser le dialogue des cultures et des civilisations entre l'Orient et l'Occident, dans une région du monde où les échanges culturels et artistiques peuvent constituer un important vecteur du dialogue politique.

Toutefois, ce projet représentant certains risques, il serait bon, comme l'a préconisé le rapporteur du Sénat, que l'Agence France-Museums, prestataire de services en matière d'expositions temporaires, rende compte de sa gestion chaque année au Parlement.

Pour conclure, si dans le principe, le groupe Nouveau Centre est favorable à ce projet, il insiste sur la nécessité de veiller à ce qu'il ne mette pas à mal l'exception culturelle française, si jalousement défendue et pour laquelle nous luttons depuis des années jusque dans les enceintes de l'OMC.

La volonté des pouvoirs publics de ne pas traiter la culture comme une marchandise identique aux autres doit rester un objectif primordial. (Applaudissements sur les bancs du groupe Nouveau Centre et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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