C'est déjà pas mal.
Le musée universel d'Abou Dabi disposera en effet d'oeuvres françaises, du moins au cours de ses premières années d'activité. La participation de l'Agence France-Museums à l'activité du musée est sans doute la partie la plus originale du projet de création d'un musée universel à Abou Dabi.
À ce titre, il faut bien situer la portée des trois accords du 6 mars 2007. Ceux-ci n'organisent pas un partenariat pérenne entre le Louvre et l'Émirat d'Abou Dabi. Ils ne sont pas non plus un simple contrat de service entre une agence française et les Émirats Arabes Unis. Ce à quoi la France s'est engagée, c'est à aider un pays à réaliser ses ambitions culturelles, parmi lesquelles la création d'un musée de renommée internationale figure en première place.
Pour ce faire, l'Agence conseillera les autorités émiriennes dans 1'élaboration d'une stratégie d'achat d'oeuvres pour les collections permanentes du musée universel. En attendant que celles-ci ne soient définitivement constituées, l'ouverture progressive des galeries du musée est rendue possible grâce aux prêts consentis par l'Agence France-Museums : 300 oeuvres pendant trois ans, puis 250, puis 200 au bout de sept ans d'activité du musée seront ainsi prêtées par l'agence au musée universel. Aucun prêt ne pourra durer plus de deux ans.
Les autorités émiriennes ont apporté la preuve tangible de l'importance qu'elles attachent à la réalisation de ce musée : le budget annuel consacré à l'acquisition d'oeuvres sera de 40 millions d'euros.
En plus des prêts, l'agence devra organiser, pendant quinze ans, quatre expositions par an.
En contrepartie de cette aide au développement initial du musée, les Émirats Arabes Unis se sont engagés à verser environ 550 millions d'euros à l'agence. Sur cette somme, 165 millions serviront à rémunérer ses prestations tandis que 190 millions d'euros seront reversés par l'agence aux musées qui ont accepté de participer au système de prêts d'oeuvres. L'organisation des expositions précédemment évoquées donnera lieu à un versement annuel de 13 millions d'euros pendant quinze ans. Sur cette somme, 8 millions seront destinés à couvrir les frais occasionnés par les expositions ; le reste, soit 5 millions d'euros, reviendra aux musées français.
Le projet de musée universel d'Abou Dabi permettra donc aux musées qui y participent de bénéficier d'une somme de plus de 250 millions d'euros. Inutile d'insister sur les perspectives de développement de notre politique culturelle et les projets qu'autorise un tel transfert qui représente une fois et demie le budget hors rémunérations alloué à nos musées dans le projet de loi de finances pour 2008…
J'ai évoqué au début de mon intervention le rôle du musée du Louvre. Le musée du Louvre est un actionnaire important de l'Agence France-Museums et il sera sollicité pour participer à ses missions.
Mais il a souhaité apporter une aide renforcée aux autorités émiriennes. Il les a donc autorisées à utiliser le nom du « Louvre » dans l'appellation du musée universel, afin de le faire bénéficier d'une renommée mondiale. Conscient toutefois que cette association ne devrait pas nuire à ses intérêts, le musée du Louvre s'est assuré que le droit ainsi conféré serait suffisamment encadré pour interdire toute dérive. La convention passée avec les autorités émiriennes apporte des garanties suffisantes dans ce sens.
En contrepartie du droit d'utiliser le terme « Louvre » dans l'appellation du musée universel, les Émirats Arabes Unis se sont engagés à verser 400 millions d'euros au musée du Louvre.
Le Louvre recevra également 25 millions d'euros au titre du mécénat. Les salles d'un étage du pavillon de Flore se verront attribuer le nom d'une personnalité éminente des Émirats Arabes Unis.
Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, chers collègues, le Louvre à Abou Dabi a suscité quelques inquiétudes qui, je l'espère, auront trouvé matière à s'apaiser dans mon exposé.
Le Louvre à Abou Dabi permet d'augmenter considérablement les ressources de tous les musées de France. Il peut donner à notre politique culturelle une nouvelle envergure, y compris en matière de démocratisation d'accès à la culture.
Ce projet est une chance pour la France, un bel exemple de dialogue des cultures et de rapprochement des civilisations. Je me félicite donc que la commission des affaires étrangères ait émis, à l'unanimité, un avis favorable à l'adoption de ce projet de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)