Madame, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues (Mmes et MM. les députés, ainsi que les membres du Gouvernement, se lèvent), c'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la mort, le 3 juin dernier, de notre collègue et ami Paul-Henri Cugnenc.
Député, professeur de médecine, viticulteur, Paul-Henri Cugnenc était un homme de talent, de passion, de fidélité. Il était de ceux dont la vaillance et le coeur élèvent tout ce qu'ils font et honorent tous ceux qu'ils croisent.
C'est à sa juste mesure qu'il était estimé et respecté sur tous nos bancs ; c'est à sa juste mesure qu'il nous manquera et qu'il nous manque déjà.
Paul-Henri Cugnenc, c'était d'abord un grand médecin. Professeur en chirurgie digestive et générale, chef de service à l'hôpital Georges-Pompidou, président du pôle Cancérologie de ce même hôpital, président du syndicat des chirurgiens des hôpitaux de Paris, il était l'une des hautes éminences de sa spécialité.
Grand médecin par ses titres, ses responsabilités et ses compétences, il l'était encore par le dévouement exceptionnel avec lequel il exerçait son magistère. Il travaillait sans relâche. Il portait à ses malades une remarquable attention, pleine de bonté et de délicatesse. Il soignait les corps sans oublier les âmes. Combien de fois l'avons-nous vu quitter cet hémicycle, tard dans la nuit, pour retourner à l'hôpital, prendre soin d'un de ses patients ?
C'est avec le même dévouement et la même excellence que Paul Henri Cugnenc s'engagea en politique. D'abord à Béziers, où étaient ses racines, puis aux côtés de son ami et collègue Bernard Debré, au ministère de la coopération, parmi nous enfin.
Élu député dans la sixième circonscription de l'Hérault en 2002, il fut brillamment réélu quelques jours seulement avant de mourir.
C'est toujours une chance et un honneur pour la politique que de grands professionnels tels que Paul-Henri Cugnenc décident de servir leur pays en plus de leur métier, que de grands médecins, au service de chacun par l'exercice de leur art, veuillent encore être au service de tous pour l'intérêt général au sein de la représentation nationale.
À l'Assemblée, Paul-Henri Cugnenc fut le même travailleur acharné qu'il l'était à l'hôpital. Il ne concevait son mandat pas autrement que son métier : tous deux l'obligeaient avec la même ardeur. Jamais il ne délaissa l'un pour l'autre. Tel il était, allant sans cesse d'une salle d'opération à une réunion de commission, d'un colloque à une séance publique, jusqu'à en négliger sa propre santé.
Il était l'un des membres les plus assidus de la commission des affaires sociales.
Il nous éclairait de son expérience, de son intelligence, toujours avec sa délicatesse, son ouverture au dialogue et son respect pour les opinions qui n'étaient pas les siennes.
Nous lui devons l'enrichissement de nos travaux. Son concours sur les questions de santé et d'éducation nous fut précieux.
Président du groupe d'études parlementaire sur le cancer et la santé publique, Paul-Henri Cugnenc a largement contribué à la création et à l'installation de l'Institut national du cancer, voulu par le Président Chirac. Ce cancer qui, par une terrible ironie du sort, devait l'arracher à la vie – la vie qu'il aimait tant – à l'âge de soixante et un ans seulement, comme si ce mal terrible avait voulu se venger de celui qui l'avait si souvent vaincu par la pratique de son art pour sauver les autres.
Mais Paul-Henri Cugnenc, c'était aussi la terre, sa terre, ce beau pays de l'Hérault, où il était né, et auquel il restait profondément attaché.
Sa terre et ses vignes. Car non content d'être un grand médecin et un homme politique, Paul-Henri Cugnenc était aussi un viticulteur – ou un vigneron plutôt, comme on disait jadis et comme il aimait le dire lui-même.
Médecin, député, viticulteur : Paul-Henri Cugnenc l'était tout à la fois.
Il fut celui – comment l'oublier ? – qui défendit les bienfaits du vin. « Consommé de façon raisonnable, il fait plus de bien que de mal », répétait-il sans cesse, indifférent aux critiques. Il parlait en médecin, mesurant les vertus des plaisirs, quand d'autres ne croient qu'à leurs vices.
Chaque mort laisse un bien, un petit bien, sa mémoire, et il demande qu'on la soigne, disait Michelet.
Soignons la mémoire de Paul-Henri Cugnenc, comme il a soigné ses patients, comme il a servi son pays. Nous ne l'oublierons pas !
À son épouse, à sa mère, à sa famille et à ses proches, je renouvelle, au nom de notre Assemblée, l'expression de notre peine et de notre profonde sympathie.
La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement.