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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 17 janvier 2008 à 15h00
Grenelle de l'insertion — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Vous avez souhaité, monsieur le haut-commissaire, l'organisation d'un débat parlementaire autour des enjeux de l'insertion, débat dont l'objectif est d'éclairer les groupes de travail, réunis dans le cadre du « Grenelle de l'insertion », sur les orientations exprimées par le Parlement.

Nous ne contestons évidemment pas le principe d'une telle consultation mais nous craignons qu'elle n'invite essentiellement les différents acteurs du Grenelle à entendre les exigences de la majorité parlementaire.

Comment voulez-vous en effet que nous puissions, en deux heures à peine et dans le cadre d'un débat sans vote qui se résume par nature à une succession de déclarations, éclairer de quelque manière que ce soit les enjeux de ce Grenelle ? Avouez que l'exercice, qui demeure assez formel, contribuera au contraire à verrouiller le débat public !

Vous avez du reste vous-même levé toute ambiguïté sur ce point en proposant, dans une lettre adressée aux parlementaires, le 7 janvier dernier, « d'orienter la réflexion sur quelques points précis », l'objectif étant de redéfinir la problématique de l'insertion autour des mots « employabilité », « droits et devoirs des bénéficiaires » ou « gouvernance ». Ces mots n'ont rien d'innocent, leur habillage technocratique faisant directement écho tant aux réformes libérales engagées ces derniers mois et ces dernières années, qu'à l'ensemble des politiques européennes de retour à l'emploi inspirées des mesures du workfare.

Nous avons aujourd'hui tout lieu de craindre que votre « Grenelle de l'insertion » ne vise au fond qu'à organiser et parfaire la transition, déjà engagée, d'un modèle social fondé sur la solidarité et le droit de chacun à vivre dignement vers un modèle où la personne privée d'emploi sera livrée au régime de 1' « emploi contraint », dans le cadre duquel les aides ne seront plus considérées comme un droit mais comme une faveur éphémère.

Monsieur le haut-commissaire, nous ne vous faisons pas ici un procès d'intention.

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