Nous avons déjà vu à l'alinéa 2 qu'il était proposé de continuer à construire routes et autoroutes pour les mêmes raisons invoquées depuis soixante ans : prévention du danger, lutte contre les congestions ou prise en compte des intérêts locaux.
Cette proposition pouvait paraître un peu déplacée dans une loi prônant le développement de modes de transport alternatifs à la route mais elle était raisonnable. En revanche, l'alinéa 9, issu d'un amendement scélérat du Sénat, adopté le 29 janvier dernier, entraînera le retour à la domination du tout routier puisqu'il y est précisé que les grands itinéraires autoroutiers seront menés à bonne fin dans les meilleurs délais. Je pressens déjà qu'il donnera lieu à une explosion des demandes, chaque élu local y voyant un moyen d'obtenir désenclavement, bretelle, que sais-je encore !
Pour notre part, nous avons consulté les associations écologistes qui ont participé au Grenelle de l'environnement et j'aimerais vous faire part de la réaction de trois de leurs représentants.
Selon Michel Dubromel, responsable des transports et de la mobilité durable à l'association France, Nature, Environnement, « cette nouvelle accélération des projets autoroutiers est incohérente avec les engagements gouvernementaux de limiter les projets routiers aux problèmes de congestion, de sécurité et d'intérêt local ».
Selon Olivier Louchard, directeur du Réseau Action Climat, « alors que tous les acteurs débattent actuellement sur les critères de choix d'infrastructures à retenir dans le cadre du futur schéma national des infrastructures de transport, il n'est pas possible que les projets routiers échappent à toute règle ». Les projets routiers débloqués par le présent gouvernement, à l'initiative de M. le secrétaire d'État ou de M. Fillon, comme l'A 63, l'A 150, l'A 355, devraient en effet être revus dans le cadre de ce schéma.
Enfin, selon Jean Sivardière, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports, « vouloir étendre aujourd'hui un réseau autoroutier déjà très dense est un contresens économique et environnemental. C'est le sous-équipement de notre pays en transports urbains, collectifs et ferroviaires qu'il faut plutôt corriger ».