J'aurais aimé soutenir les amendements que j'avais déposés sur l'article 56, mais, comme l'an dernier, ils ont tous été retoqués ou recalés par la commission. Je n'aurai donc pas la possibilité de les défendre, ce que j'aurais fait avec joie, comme on s'acquitte d'un devoir.
À plusieurs reprises, monsieur le ministre, vous avez réaffirmé que la catastrophe sanitaire de l'amiante était d'une ampleur rarement égalée dans l'histoire du travail. Il faudrait chercher très loin, en effet, pour en trouver une semblable, si tant est qu'on y parvienne. Car elle concerne non seulement le passé, comme le montre le grand nombre des morts, et le présent, comme nous le rappelle la souffrance de milliers de personnes, mais aussi l'avenir, puisqu'elle va se poursuivre. On a souvent cité les chiffres : 3 000 morts par an, 100 000 au total. Les victimes potentielles n'ont pas nécessairement travaillé dans des chantiers navals, des usines d'Eternit ou d'équipements de voitures, ni été en contact direct avec l'amiante. Du fait de l'exposition passive, tout le monde peut être touché, et l'ensemble du pays est concerné.
Or la catastrophe était évitable. Les premiers doutes sur cette substance ont été émis il y a plus d'un siècle, en 1906, et l'on sait depuis cinquante ans qu'il s'agit d'un produit mortel, de sorte que les travailleurs qui y ont été exposés ont été délibérément empoisonnés.