C'est ça la réalité, mais vous ne voulez pas la voir et le discours que vous avez ici, vous n'oseriez pas le tenir devant les chômeurs de vos circonscriptions, vous le savez bien !
Venons-en à l'essentiel. Du point de vue idéologique, nous l'avons entendu hier, vous opposez l'individu à la collectivité. Vous voulez développer l'illusion de la réussite individuelle qui serait assurée dès lors qu'elle triomphe au détriment du collectif, au détriment des autres. Vous opposez les Français les uns aux autres, au mépris, vous le savez, de nos traditions de solidarité. Dans les entreprises, il y aura ceux qui veulent ou qui peuvent faire des heures supplémentaires et ceux qui n'en font pas.
Avec votre système, quand un chef d'entreprise – sans qu'il soit pervers pour autant – aura à choisir entre une embauche nouvelle et des heures supplémentaires exemptées de cotisations sociales et défiscalisées au titre de l'impôt sur le revenu, il optera nécessairement pour la seconde solution. De ce fait, quand un ouvrier partira en retraite, dans une entreprise qui en emploie trente ou quarante, il ne sera pas remplacé pourvu qu'on trouve sur place les personnels compétents permettant de compenser son départ par des heures supplémentaires.
Ce qui est pervers, dans votre système, ce n'est pas seulement qu'il rompt avec nos traditions de solidarité que, depuis toujours, vous cherchez consciemment à briser, c'est que vous videz en même temps les caisses de l'État et des régimes sociaux.