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Intervention de Delphine Batho

Réunion du 26 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 — Article 32

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Madame la ministre, nous sommes en droit de nous demander si vous avez réellement pris la mesure de la gravité de notre problème de démographie médicale.

Je suis élue d'une circonscription rurale, dans un département où l'on compte 0,9 médecin pour mille habitants. Très concrètement, j'ai l'exemple d'une commune où, après le départ de deux généralistes ayant déposé leurs plaques pour partir ailleurs, il ne reste plus qu'un médecin à mi-temps. Dans d'autres cantons, l'âge moyen des médecins est de plus de 55 ans.

Nous sommes donc face à un problème majeur de santé publique et d'accès aux soins pour l'ensemble de la population, et ce problème est d'autant plus dramatique que, dans le même moment où nous avons de moins en moins de médecins, nos besoins évoluent, du fait notamment de l'allongement de la durée de vie et du vieillissement de la population. La situation dans certains de nos territoires est donc grave.

Les déclarations se sont succédé. Le candidat Sarkozy avait promis qu'on allait voir ce qu'on allait voir, que toutes les mesures allaient être prises. Mais vous avez choisi les plus mauvaises réponses qu'il était possible d'apporter à cette situation. Tout l'enjeu aujourd'hui est de revaloriser la médecine générale et non de faire des jeunes internes en médecine générale les boucs émissaires d'une situation dont ils ne sont pas responsables.

J'ajoute que la pénurie a des conséquences dramatiques, en termes de coût pour la sécurité sociale, puisque le manque de médecins de garde, notamment la nuit, conduit à des interventions de plus en plus nombreuses des pompiers et des urgentistes.

Suite à la mobilisation des internes, vous avez amendé votre texte. Vous annoncez à présent – et peut-être aurait-il fallu commencer par là – des états généraux sur la démographie médicale.

Mes collègues du groupe socialiste reviendront sur vos amendements comme sur le dispositif originel que vous proposiez. Nous considérons que ces états généraux ne peuvent se résumer à une concertation entre seuls professionnels de la santé. Il faut aussi, pour trouver des solutions, entendre ce que vivent les usagers du système de santé, les malades, les familles, les retraités, mais aussi les élus locaux.

Les collectivités locales sont prêtes à accompagner un certain nombre de projets. Le groupe socialiste a proposé en ce sens l'ouverture de centres de première urgence et de centres pluridisciplinaires permettant de regrouper les médecins généralistes qui souhaitent travailler à plusieurs.

La carte des états généraux doit être jouée jusqu'au bout, et nous insistons sur le fait qu'ils doivent être ouverts aux élus des territoires comme aux associations représentant les usagers du système de santé. C'est pourquoi nous maintiendrons nos amendements de suppression des articles 32 et 33.

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