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Intervention de Jean-Marie Le Guen

Réunion du 26 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 — Après l'article 30

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Le Guen :

On ne peut certes que souscrire à l'idée qui sous-tend l'amendement présenté par M. Préel. Sommes-nous cependant d'accord pour dire que nous sommes confrontés à une crise sanitaire très grave, qui ne fera que s'aggraver dans les mois et les années qui viennent ? Dès lors, le redéploiement des tâches et des compétences de l'ensemble des professionnels de santé doit être conçu comme un schéma global, et non comme une série d'éléments partiels et ponctuels.

La manière dont le Gouvernement aborde aujourd'hui la question montre, comme nous le verrons lors de l'examen des articles 32 et 33, qu'il n'a pas de plan global et ne mesure ni la situation dans laquelle nous nous trouvons, ni celle vers laquelle nous allons. Vous refusez de considérer que notre pays va rencontrer un problème majeur d'accès aux soins pour des raisons de pénurie et d'anarchie du déploiement sur le territoire. On a, ces dernières années, multiplié les filières et les corporatismes et opposé les uns aux autres en créant des ordres comme celui des infirmiers ou en essayant même d'en créer un pour les podologues. Au lieu de rassembler le système de santé et d'organiser les différents professionnels de santé sur l'ensemble du territoire en réfléchissant au statut qu'ils auront demain, on les a traités comme autant de clientèles corporatistes que l'on devait flatter.

Nous n'avons plus, dès lors, de système de soins. Ce système de soins, on n'en voyait par les défauts lorsqu'il connaissait une relative pléthore, mais la pénurie de professionnels de santé et la montée de la demande de santé liée au choc démographique et au vieillissement de la population vont nous faire prendre conscience que notre système est totalement désorganisé, segmenté, morcelé, qu'il ne communique pas, n'est pas déployé sur le territoire et n'a pas l'habitude des bonnes pratiques, parce qu'il subit les pressions de l'industrie pharmaceutique et des on-dit et parce qu'on n'a pas été assez exigeant en matière de formation professionnelle et d'évaluation des pratiques.

Toutes ces questions sont maintenant posées. Elles l'étaient depuis des années, mais ce choc, cette transition sanitaire vont nous contraindre à nous apercevoir que nous n'avons plus de système de santé ni d'accès aux soins primaires dans notre pays.

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