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Intervention de François Baroin

Réunion du 11 avril 2012 à 13h00
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

François Baroin, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie :

Monsieur Chartier, nous avons atteint l'objectif fixé par l'accord du 9 décembre 2011 et celui de janvier 2012 entre les ministres des finances. Au sauvetage de la Grèce, avec l'inscription d'un nouveau programme d'aide, se sont ajoutés les mesures, prises par la BCE, d'accès aux liquidités avec une profondeur de champ illimitée et à un taux préférentiel de 1 %, l'accord intergouvernemental sur la consolidation budgétaire et, enfin, quelques semaines plus tard, l'accord sur le Mécanisme européen de stabilité. Nous avons ainsi créé les conditions d'une restauration progressive de la confiance des marchés dans l'investissement sur les dettes souveraines européennes. Nous sommes donc sur la bonne voie.

Mais ces acquis restent fragiles. L'Espagne, qui a indiqué il y a quelques semaines par la voix de son premier ministre qu'elle n'atteindrait pas son objectif de déficit, suscite aujourd'hui des interrogations. Le gouvernement espagnol ne fait en réalité que décliner les engagements qu'il avait souscrits avant la fin de l'année. Les mesures qu'il a prises sont solides, courageuses, nécessaires, et soutenues dans le cadre de la coordination européenne. L'Espagne ne peut toutefois se permettre de s'écarter de la trajectoire obligatoire de réduction de son déficit public.

Que se passerait-il, me demandez-vous, si nous nous écartions de l'objectif fixé en 2016 ? Nous nous exposerions à un risque sérieux, pour ne pas dire plus, aux yeux de ceux qui apprécient la capacité de la France à atteindre ses objectifs en matière de déficit public. Tout ce qui nous éloigne – nous, c'est-à-dire la France, mais aussi l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Finlande, et tous les pays membres de la zone euro – de l'accord international qui était indispensable pour restaurer la confiance des investisseurs au Japon, en Chine, aux États-Unis, au Brésil, en Russie, et pour les inciter à financer notre dette, donc nos politiques publiques, nous expose à un risque. Je n'en dis pas plus, car le lieu ne s'y prête pas, mais je tenais à vous répondre avec sincérité et objectivité.

Monsieur Muet, voilà plusieurs semaines que nous évoquons, à fleurets mouchetés, nos divergences d'interprétation. Je vous remercie tout d'abord de vous être fondé sur les chiffres de Bercy, ce qui nous évitera tous les procès en sorcellerie sur l'objectivité des chiffres utilisés.

Quant à ce que vous appelez la dette du mandat de Nicolas Sarkozy, je vous renvoie à l'étude de l'OCDE et aux commentaires de tous les économistes qui ont travaillé en son sein sur l'évolution de la dette entre 2007 et 2012. La dette a augmenté de 20 points en France, c'est vrai, mais de 29 points aux États-Unis et de 40 en Grande-Bretagne ! Tous les observateurs de l'OCDE ont mis le Président de la République hors de cause sur ce point, ont jugé pertinent le plan de relance, dont ils approuvent le périmètre, et ont estimé que le choix des investissements d'avenir par l'intermédiaire du grand emprunt permettrait d'accroître la productivité et la compétitivité de notre économie. En somme, ils ont salué la manière dont la France a géré cette crise sans précédent qui a rejailli sur toutes les économies. Nicolas Sarkozy n'est responsable ni de l'administration américaine, ni du budget britannique, ni de la situation espagnole.

C'est vrai, les Allemands ont quelque chose de plus que nous : ils ont un consensus politique sur l'affectation des recettes de la croissance à la réduction de la dette et des déficits. Ils ont voté la règle d'or, eux ! Les mêmes lumières qui vous aveuglent ont conduit les socialistes allemands à accepter le principe de la règle d'or, et le consensus politique est sans faille : leur objectif, c'est de parvenir à l'équilibre pour ne plus jamais s'en écarter.

M. Brard, enfin, me fait penser à un morceau de sucre qui se réjouit d'être soluble dans le café. Il a pourtant connu 1981 et l'union de la gauche, qui a fait disparaître ses amis ; et voilà qu'il hisse le drapeau rouge à la perspective d'une éventuelle coalition gouvernementale. Bonne chance, Jean-Pierre Brard ! Dieu merci, nous vous sauverons de ce nouveau délice !

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