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Intervention de Jean-Pierre Decool

Réunion du 7 mai 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les langues régionales et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Decool :

Monsieur le président, permettez-moi, tout d'abord, de dire combien je me réjouis que, dans cet hémicycle, mon patronyme flamand soit toujours prononcé correctement !

Madame la ministre, mes chers collègues, je souhaite d'abord exprimer toute ma satisfaction quant à la tenue de ce débat sur les langues de France, le premier de la Ve République concernant cette thématique. Il est donc important que la représentation nationale se penche sur cette composante essentielle de notre société.

En effet, s'exprimer sur les langues patrimoniales, c'est mettre en avant la richesse culturelle de notre pays, c'est promouvoir les particularités qui font la diversité de l'Hexagone, c'est aussi s'intéresser au besoin d'identité et répondre aux attentes des Français, soucieux de retrouver leurs racines.

Naturellement, dans ce souhait de reconnaissance, il n'est pas question, ici, de céder à quelque tentation régionaliste ou intégriste que ce soit. La diversité culturelle et linguistique de la France fait sa richesse et son unité. Les langues régionales participent avec ardeur à la promotion des terroirs locaux, mais aussi au développement économique de nos régions, notamment des zones transfrontalières, puisque les langues dites minoritaires sont autant d'outils d'échanges représentant un atout supplémentaire certain pour l'activité festive et touristique de ces territoires.

Madame la ministre, mes chers collègues, en tant que député des Flandres et plus précisément de Bergues, je souhaite vous dire toute la place que tient le flamand dans le Nord.

Un grand nombre de nos concitoyens le parlent encore et y tiennent plus que tout. Pour eux, ce n'est pas une langue marquant un séparatisme vis-à-vis de la France et du français, mais c'est une langue parlée pour le plaisir, symbolique de l'identité flamande, elle-même composante de l'identité française.

Depuis sa création en 2004, l'Institut de la langue régionale flamande oeuvre dans le sens de la promotion et du développement de ce patrimoine. En quatre ans, le nombre d'élèves suivant les cours de flamand dispensés par cette association a été multiplié par cinq. Un centre de ressources documentaires flamand a pu voir le jour à Steenvoorde, grâce à l'action conjointe de l'Institut et de Jean-Pierre Bataille, conseiller régional et maire de la ville. Cet espace est ouvert à tous au sein d'un centre culturel. Dans ma circonscription, plusieurs villages imprégnés de la culture flamande ont opté pour un affichage des plaques de rues dans les deux langues. C'est le cas dans ma commune de Brouckerque, où les lieux-dits ne se prononcent qu'en flamand. Faut-il aussi rappeler la complémentarité entre l'apprentissage de la langue régionale flamande et la pratique du néerlandais ?

Pour accompagner ces initiatives et cet élan, il est nécessaire d'aboutir à une loi qui définirait un cadre et clarifierait la situation actuelle des langues régionales, en reconnaissant la diversité culturelle qu'elles apportent.

Après les premières assises des langues régionales de France en 2003, dont il est urgent d'organiser une seconde session, les associations attendent aujourd'hui une égalité de traitement entre les différentes langues de France, mais aussi une reconnaissance de l'existence des langues régionales « hors les murs » de l'école. Nous attendons un encouragement de l'enseignement bilingue par une adaptation des moyens dans les milieux scolaires et associatifs, et ce de façon concrète. De telles avancées permettraient de valoriser notre patrimoine et donneraient un écho particulier au mot « égalité » de notre devise, inscrite sur les frontons de toutes les mairies de France et énoncée à l'article 2 de notre Constitution, dans lequel est précisé que la langue de la République est le français. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et sur quelques bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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