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Intervention de Jacques Domergue

Réunion du 7 mai 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les langues régionales et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Domergue :

Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, je suis très heureux qu'un tel débat soit organisé aujourd'hui. Les difficultés que j'ai eues pour m'inscrire prouvent d'ailleurs qu'il suscite le plus grand intérêt.

Né à Perpignan, j'ai parlé le catalan dans mon enfance. J'ai donc eu très tôt la possibilité d'apprécier les nuances de cette langue, sa sensibilité et ses spécificités – au point que certains mots ne peuvent être traduits en français. Cet acquis du plus jeune âge représente à mes yeux une richesse incontestable pour un individu.

Aujourd'hui député de l'Hérault, je suis confronté au problème de l'occitan. J'ai découvert l'occitan au travers des radios associatives, très actives dans notre région, mais également des écoles « calendrettes ». J'ai eu la chance d'en visiter une la première année de mon mandat, un de ses élèves ayant été élu au Parlement des enfants. J'étais auparavant convaincu qu'au XXIe siècle, à l'heure de la mondialisation, il ne pouvait y avoir de place, en matière de contact humain, que pour l'internationalisation, et que seul l'anglais était à même de permettre de communiquer sur cette planète. À quoi bon, dès lors, apprendre une langue régionale ? Mais, en visitant cette école, en discutant avec les enseignants, les parents et les enfants eux-mêmes, j'ai pris conscience de la richesse acquise par ces derniers. Cet apprentissage avait ouvert, dans leurs cerveaux, des portes qui seraient restées fermées en d'autres circonstances. En outre, cet acquis leur donnera un accès à d'autres langues, dont l'anglais.

Ce retour aux langues régionales, à l'heure de la mondialisation, n'a donc rien de réducteur. Au contraire, notre patrimoine constitue un socle solide sur lequel s'asseoir afin d'affronter les réalités du monde moderne.

En 2004, le président de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, a voulu changer le nom de la région en Septimanie. S'il a échoué, c'est uniquement parce qu'il a traité le catalan de patois. Cette insulte, ce mépris manifesté à l'égard des Catalans et des Languedociens ont provoqué une levée de bouclier dans la région.

Il est bien entendu hors de question de mettre en danger l'unité nationale et la force du français. L'apprentissage des langues régionales n'est d'ailleurs pas incompatible avec la promotion de la francophonie, bien au contraire. Mais il faut savoir ce que nous voulons, madame la ministre. Si nous voulons éveiller l'esprit des Français, faire en sorte que chacun puise sa force dans ses propres racines, il est indispensable de faire figurer les langues régionales à côté de notre langue maternelle, le français. Si certains voulaient saisir l'occasion pour mettre en péril l'unité du pays au nom des particularismes régionaux, je comprendrais que s'expriment des réticences. Mais la solution proposée par le président de la commission des affaires sociales me paraît raisonnable. Elle représente une façon de promouvoir les langues régionales sans mettre en danger l'unité nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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