L'enseignement de la langue française, fruit d'un métissage et d'une histoire multiséculaires, doit rester seul obligatoire. Les actions de Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale, en faveur de la maîtrise de la langue française à l'école, vont dans le bon sens. Car comment peut-on s'intégrer et trouver sa place dans une société dont on ne maîtrise pas la langue commune ?
Néanmoins, et c'est bien l'objet de mon intervention, cette nécessaire unité linguistique ne s'oppose pas à une meilleure reconnaissance de nos langues régionales. Et, en la matière, des progrès restent à faire.
Nos langues régionales sont l'esprit et la culture de nos régions. À ce titre, elles font partie intégrante de notre patrimoine culturel français. Et nous avons tout lieu de nous réjouir de l'intérêt des jeunes générations pour ce patrimoine.
C'est pourquoi le problème essentiel est à mes yeux celui de la transmission des langues régionales. Chaque élève qui veut apprendre la langue régionale de son territoire et se familiariser ainsi avec cette culture doit pouvoir le faire. Et, pour cela, la priorité est de former et d'affecter un nombre suffisant de professeurs dans ces langues.
Pour être légitimée, les langues régionales doivent être reconnues par l'État, et l'une des formes de cette reconnaissance est le diplôme. Avec Christian Kert, nous posons donc la question : pourquoi n'y a-t-il pas d'agrégation de langue d'oc, alors qu'il en existe pour toutes sortes de langues peu parlées, et qui ont peut-être donné moins de poètes ? Cet enseignement devrait s'effectuer dans le respect des variétés dialectales de Provence, de Languedoc, de Limousin, d'Auvergne, de Béarn et de Gascogne. C'est cela, la multiplicité des cultures, qui fait que chacun, étant reconnu pour ce qu'il est, accepte les autres. Autre signe de reconnaissance : sans être nécessairement obligatoire, cet enseignement devrait être inclus dans les horaires normaux ; et la répartition au sein de chaque région devrait être équitable. À cet égard, l'enseignement du nissart est un peu défavorisé.
À nos yeux, il s'agit donc moins d'un problème constitutionnel qu'une question de moyens financiers et d'organisation de l'enseignement.