Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je veux d'abord remercier le Gouvernement, qui a tenu son engagement d'organiser ce débat sur les langues régionales en ce lieu symbolique de la nation française. Cette séance est un acte de progrès, qui permet d'affirmer une fois de plus que la diversité est source de richesse.
La France de Villers-Cotterêts, celle de 1792, celle de la guerre de 1914-1918 à aujourd'hui, cette France a forgé sa propre unité. Elle doit continuer à affirmer son identité. La langue française doit toujours être celle de la diplomatie et des Jeux olympiques, et la France des Lumières constituer une référence pour les droits de l'homme. La francophonie doit vivre, se dynamiser et amplifier le rayonnement de notre pays et de sa langue. Tel est l'un des motifs qui, au cours de la XIIe législature, inspirèrent au sein de notre assemblée la création d'un groupe de travail sur la diversité culturelle en Europe. Ce groupe a travaillé avec son homologue allemand en se donnant, entre autres objectifs, celui de lutter contre la domination sans partage d'une culture, d'un mode de vie et d'une langue uniques. Construire l'Europe sans anéantir nos identité respectives, mais au contraire en les valorisant, bref construire l'Europe de la diversité : telle était, et telle doit toujours être notre démarche dans un monde ouvert, qui a besoin de l'affirmation européenne avec l'engagement de la France et de l'Allemagne. C'est au coeur de notre réflexion et de notre action que j'ai eu l'occasion d'évoquer nos identités régionales et nos langues de France. Et c'est avec beaucoup de conviction et d'enthousiasme que j'ai défendu ces deux démarches : oui à l'Europe de la diversité culturelle de l'ensemble des pays qui la composent ; oui à l'occitan, pour exprimer l'extraordinaire richesse de la diversité française. Nos langues régionales, qui ont contribué à la formation de la langue française, participent en effet à la diversité culturelle de la France, donc à sa richesse.
Soyons audacieux pour nos langues, mes chers collègues, et soyons-le sans inquiétude pour l'unité de notre pays. Soyons confiants en redonnant leur place à nos langues, qui, avec nos cultures régionales, font partie du patrimoine de l'humanité. Donnons-leur donc les moyens de vivre et, pour ce faire, supprimons les blocages juridiques. Comme l'a préconisé le président de la commission des affaires culturelles, Pierre Méhaignerie, ajoutons à l'article 2 de la Constitution cette formule relative au respect de nos langues régionales. Permettons à la France de ratifier la Charte européenne. Légiférons, comme le propose Marc Le Fur avec passion, car c'est par la loi que l'on donnera à l'enseignement, aux médias et à la création culturelle les moyens de faire vivre nos belles langues régionales, ces langues de nos racines, qui favorisent en outre, pour nos enfants, l'apprentissage des langues étrangères et même des mathématiques.
Pour l'enseignement, je pense aux calendrettes et à la vivacité des écoliers ; pour les médias, je pense comme Jacques Domergue aux radios associatives et à la passion de leurs animateurs ; pour la création culturelle, au théâtre de La Rampe – que vous avez évoqué, madame la ministre.
Puisse donc cette réunion historique nous permettre d'avancer dans l'élan que le général de Gaulle lui-même avait compris et reconnu lorsqu'il déclarait à Lyon et à Quimper que la construction de l'unité française était achevée, et qu'il convenait de laisser s'exprimer les énergies locales.