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Intervention de Marc Le Fur

Réunion du 7 mai 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les langues régionales et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Ce débat passionné et passionnant touche, non seulement l'esprit, mais aussi le coeur et les tripes de chacun d'entre nous, qui avons croisé ces langues au cours de notre existence. J'ai eu ainsi la chance d'apprendre le breton enfant, et plus tard j'ai découvert les richesses de cette seconde langue de Bretagne qu'est le gallo. Ce débat passionnant ne doit pas pour autant être passionnel : nous devons y introduire de la raison et du concret. Il faut pour cela combattre l'ignorance, voire l'arrogance, de certains et des idées reçues.

Une de ces idées reçues est que nous ne serions qu'une minorité à nous intéresser à ces questions. Mais ces langues ont des locuteurs, des enseignés et des enseignants, et je voudrais ici rendre hommage à tous ceux qui, depuis longtemps, s'investissent dans ces questions, au prix parfois de la moquerie, voire de l'insulte. Au-delà des locuteurs, il y a tous ceux qui, sans maîtriser ces langues, y voient un élément de leur identité : je pense aux diasporas de nos régions respectives, qui sont d'autant plus attachées à ces langues qu'elles en sont plus éloignées. Le succès de Bienvenue chez les Ch'tis n'est pas qu'un phénomène cinématographique, madame la ministre : c'est un phénomène sociologique. (« C'est vrai ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Il montre que les gens ont besoin de racines.

Nous devons combattre aussi l'idée reçue selon laquelle ces langues ne seraient qu'une survivance, une « affaire de vieux ». Allez dans les fest-noz, écoutez la musique celtique, voyez ce qui se passe dans nos régions : vous verrez que ces langues sont bien souvent un élément de la modernité. On nous oppose aussi qu'elles favoriseraient le « repli identitaire », mais ce sont souvent les régions les plus « identitaires » qui sont le plus à l'aise dans la mondialisation : comme si, pour aller loin, il fallait un port d'attache.

Mes chers collègues, nous devons en finir avec ce jacobinisme anachronique et outrancier, que nous croisons trop fréquemment puisqu'il existe dans toutes les familles politiques : chacun a son Mélenchon, mes chers collègues ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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