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Intervention de Christine Albanel

Réunion du 7 mai 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur les langues régionales et débat sur cette déclaration

Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication :

Le livre reste bien sûr le principal support de diffusion culturelle. En aidant l'édition sur et dans les langues régionales ainsi que la traduction d'ouvrages dans ces langues, le ministère de la culture contribue à diffuser des littératures encore méconnues et des oeuvres majeures de notre patrimoine littéraire. Le théâtre est un autre mode d'expression privilégié – le théâtre de la Rampe est par exemple une scène interrégionale occitane particulièrement dynamique –, de même que la chanson, avec le succès du site Internet « Langues de France en chansons ».

Dans dix jours, la Nuit des musées s'ouvrira pour la première fois aux langues de France. De nombreuses initiatives en langues régionales, en Alsace, au Pays Basque, dans le sud de la France, permettront au public venant à la rencontre des trésors de nos musées de prendre la mesure de la diversité linguistique de notre pays.

C'est aussi à travers de nombreux festivals que s'exprime le dynamisme de nos langues. Le ministère accorde toute son attention à ces manifestations qui sont l'occasion de découvrir de nouveaux talents ; citons notamment « Vibrations caraïbes » et « Influences caraïbes », où s'exprime la créativité des Antillais de l'Hexagone – où les Créoles occupent une place centrale.

Je ne saurais, enfin, oublier le cinéma, avec notamment le film Sempre vivu de Robin Renucci, tourné partiellement en langue corse, et, très récemment, une oeuvre qui a battu tous les records de fréquentation et témoigne de l'attachement des Français à leurs particularismes linguistiques ; car chacun le sait, le ch'ti – même si Bienvenue chez les Ch'tis n'a pas été entièrement réalisé dans cette langue –, c'est du picard !

J'attache une importance particulière à la recherche sur les langues régionales et à la diffusion de ses résultats. C'est ainsi qu'en partenariat avec le CNRS, le site Internet « Corpus de la parole » donne gratuitement accès en ligne à un catalogue unique de fonds sonores de différentes langues parlées en France.

L'école, les médias et la création culturelle sont les pivots de la transmission et de la vitalité des langues régionales. Toutefois, une langue ne vit pleinement que si elle est aussi employée dans les circonstances ordinaires de la vie. La socialisation des langues dans l'espace public ne doit donc pas être négligée. La législation actuelle, quoique contraignante, permet de développer grandement leur visibilité, mais ses possibilités ne sont pas toujours exploitées. Les élus doivent ainsi savoir que les actes officiels des collectivités peuvent être publiés en langue régionale, du moment que, conformément à la loi, ils existent aussi en français – seule langue ayant valeur juridique, l'usage des autres langues étant autorisé en tant que traduction du français.

La visibilité des langues de France dans l'espace public passe aussi, comme chacun peut le constater, par la signalisation bilingue et la toponymie. Il est par exemple tout à fait légitime – et même souvent souhaitable – que, dans les zones concernées, les communes affichent leur nom dans leur langue, à l'entrée et à la sortie de l'agglomération. Il en va de même pour la signalisation directionnelle sur les routes et dans les rues : dans le centre de ma ville de Toulouse, elle est ainsi en deux langues, et je ne suis pas choquée de lire simultanément en occitan et en français le nom de la place du Capitole – ni de m'orienter grâce à des panneaux bilingues en Bretagne.

Dans tous ces domaines – médias, enseignement, activités culturelles, autorités administratives, services publics –, la France va en fait bien au-delà des objectifs de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, signée par le Gouvernement en 1999, mais que notre pays n'a pas ratifiée, pour les raisons que vous savez et sur lesquelles nous reviendrons tout à l'heure.

Dans ce travail de valorisation et de développement des langues de France, l'État ne peut être seul. Les langues, leur usage et leur avenir sont d'abord de la responsabilité des citoyens. C'est à eux d'exprimer sous quel régime linguistique ils entendent vivre. Le souhait d'une grande majorité de Français semble aujourd'hui se porter vers la reconnaissance de leurs diverses langues et leur coexistence dans ce qu'on peut appeler un « plurilinguisme interne ».

Encore faut-il que les pouvoirs publics organisent les conditions de ce plurilinguisme. Pour les langues dites « régionales », les collectivités territoriales doivent être étroitement associées à cet effort : j'ai déjà évoqué les conventions signées avec l'État dans le secteur de l'enseignement, mais il en existe d'autres, qui les lient à d'importantes structures de promotion, comme l'Office de la langue bretonne,…

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