Pour en finir avec les conséquences de la mutation, je rappelle que la loi visait à assurer « la plus large diffusion des oeuvres cinématographiques conforme à l'intérêt général » et, à ce propos, je veux redire l'attachement très profond des distributeurs indépendants à l'Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC), qui, tout en prenant en compte comme il se doit l'irruption du numérique, doit poursuivre sa mission d'aménagement culturel du territoire et de diffusion d'oeuvres cinématographiques exigeantes.
Enfin, un mot de l'avenir. Dans son rapport, M. Herbillon avait très clairement indiqué que les contributions n'étaient dues que pour l'installation initiale des équipements, non pour leur renouvellement. Compte tenu de tout ce que je viens d'exposer, j'affirme que les mutations technologiques qui ne manqueront pas de se produire encore dans les années à venir, à tous les niveaux de la filière, ne pourront pas être assumées à nouveau par les distributeurs, et donc par les producteurs. Même si nous n'en sommes qu'au début, il apparaît déjà que la numérisation accélère une concentration du marché qui était à l'oeuvre depuis de nombreuses années. Le maintien de la diversité doit passer par un « rebasage » des conditions économiques d'exercice de la profession de distributeur indépendant, au-delà des aides sélectives et automatiques. Des marges de manoeuvre effectivement dégagées par la numérisation dépendra la survie de ce secteur.