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Intervention de Chantal Bourragué

Réunion du 6 mars 2012 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Bourragué, co-rapporteure :

En conclusion, en dépit des nombreuses réalisations que M. Mathus vient de vous exposer, je voudrais souligner les limites actuelles des politiques d'influence culturelle mises en oeuvre par les pays émergents.

La première d'entre elles tient aux moyens consacrés à cette politique, qu'ils soient financiers ou humains. Tous les pays émergents ne peuvent consacrer à leurs outils d'influence les sommes considérables dépensées par la Chine. L'autre difficulté provient du manque d'expertise.

La seconde limite concerne l'implication à géométrie variable des pouvoirs publics ainsi que l'ambiguïté de ceux-ci sur les finalités poursuivies.

Autre difficulté : l'absence d'ouverture, quand ce n'est pas la censure, en Chine ou à Singapour s'avère peu compatible avec les ambitions en matière de rayonnement culturel. Celle-ci assèche le vivier d'artistes et entrave la créativité nécessaire à leur attractivité.

En outre, les interrogations sont également nombreuses sur la qualité du contenu culturel proposé. Cela est vrai pour les pays dépourvus de tradition culturelle à l'instar de Singapour mais aussi pour la Chine. Tous les observateurs s'accordent pour reconnaître la qualité des « infrastructures » : les autorités ont créé de nombreux outils, ont investi massivement mais peinent à définir une stratégie et à préciser quelle culture et quelles valeurs elles entendent exporter. Plusieurs interlocuteurs se sont ainsi interrogés sur le sens et le contenu de la culture chinoise, certains allant jusqu'à souligner l'incapacité des Chinois aujourd'hui à définir leur propre culture. En misant sur la diffusion culturelle par l'enseignement de la langue, les Chinois ont choisi la voie la plus facile, celle qui procure le plus rapide retour sur investissement.

Enfin, le soft power est peut-être l'objet d'une interprétation erronée de la part des pays émergents : il se traduit par une forme de séduction naturelle grâce à l'exportation d'un modèle attractif et non par la construction à marche forcée d'une identité internationale.

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