Il me paraît inutile de légiférer à nouveau en matière de fin de vie. La « loi Leonetti » pose des principes forts : refus de l'acharnement thérapeutique, droit pour le malade de refuser un traitement, obligation pour le médecin de tout mettre en oeuvre pour soulager la douleur du patient et droit pour chacun d'exprimer à l'avance ses souhaits pour l'organisation de ses derniers moments. Cette excellente loi, qui envisage les différents cas auxquels les médecins peuvent être confrontés face aux malades en fin de vie, n'est malheureusement pas assez connue, non seulement de la population, mais surtout du corps médical. Plutôt que de légiférer inutilement, il faut promouvoir la « loi Leonetti » auprès des malades, des familles et des médecins.
Les médecins doivent aussi, comme vous l'avez rappelé, être mieux formés aux soins palliatifs. En tant que professionnel de santé, j'ai pu à de nombreuses reprises constater l'efficacité des unités de soins palliatifs, non seulement pour la prise en charge du malade et de sa douleur, dans toutes les dimensions de celle-ci – physiologique, thérapeutique et psychologique –, mais aussi pour la prise en charge de sa famille.
Légiférer sur l'euthanasie serait légiférer sur le droit de donner la mort. Le législateur ferait alors sauter un puissant interdit et ouvrirait ainsi la porte à de nombreux abus. Quels critères permettraient d'euthanasier un malade ? Comment pourrait-on être sûr de respecter la volonté du patient ?
Le droit à mourir dans la dignité, référence des partisans de l'euthanasie, est déjà assuré par les soins palliatifs. Que signifie le terme de dignité ? Lorsque la personne souffrante perd de ses capacités intellectuelles ou physiques, perd-elle aussi une part de sa dignité ? La dignité de la personne est intrinsèque ! Elle ne doit pas être fonction de son état de santé. La société doit poser des interdits à la transgression. Le droit a pour mission d'encadrer des pratiques en fonction des valeurs de la société. Pour légiférer, nous devons suivre notre propre conscience et, surtout, ne pas déroger aux pratiques qui fondent notre « vivre ensemble », car ce serait quitter l'état de culture pour revenir à l'état de nature.