Messieurs les ministres, nous avons mis en cause l'opération politique qui a amené ce texte ici ce soir. Mais nous espérions aussi, vraiment, pouvoir aboutir à un accord qui réponde aux attentes des salariés, pour leurs droits comme pour la pérennisation de leur outil de travail, c'est-à-dire la raffinerie.
Jean-Paul Lecoq et moi-même l'avons dit tout à l'heure : tout en étant insuffisant sur nombre de points, votre texte ouvrait la voie à un certain nombre d'avancées. Nos collègues socialistes ont bien montré comment nous aurions pu enrichir ce texte, afin qu'il concerne d'autres sites ; mais vous avez systématiquement refusé ces propositions. Pire encore, vous avez montré ici qu'il y avait au moins un hiatus entre ce qui est écrit ce soir dans ce texte et ce qui a amené les salariés à venir ici en se disant qu'ils allaient rentrer à Petit-Couronne dans la nuit, afin d'annoncer une bonne nouvelle aux salariés demain matin à sept heures.
Je ne suis pas sûr que, demain matin à sept heures, ce soit une bonne nouvelle qui soit annoncée aux salariés. Je n'en suis pas sûr du tout.
Nous ne pouvons pas, nous, voter un tel texte. Nous verrons bien ce que décideront nos collègues du Sénat mais pour notre part nous ne voterons pas contre : nous nous abstiendrons. On qualifie parfois les abstentions ; il en est de positives, de négatives, de combatives… Eh bien, ce soir, c'est une abstention à laquelle nous regrettons beaucoup de nous sentir obligés. C'est une abstention de solidarité avec les salariés.
Ils ont tout à l'heure quitté les tribunes du public en colère, car ils ont le sentiment d'avoir été trompés. Et cela, ce n'est pas acceptable, au moment où l'existence même de leur entreprise est menacée.
Nous nous abstiendrons donc sur ce texte.