…alors même que la demande de produits pétroliers restait stable. Au lieu d'adapter l'outil, on ferme.
Une telle situation, exemplaire de la logique de déclin industriel que nous voyons aujourd'hui à l'oeuvre, appelle évidemment à la mobilisation de l'ensemble des énergies pour inverser la tendance qui frappe lourdement notre économie et menace directement la capacité de la France à jouer son rôle dans l'économie européenne et internationale de demain.
La source des difficultés et des problèmes n'est pas un coût du travail excessif, des réglementations tatillonnes ou une pénurie de main-d'oeuvre dans tel ou tel secteur. Une étude de l'INSEE publiée le 21 février montre que le coût unitaire du travail dans l'industrie manufacturière est identique en France et en Allemagne. Pourtant, l'une accumule les déficits, l'autre les excédents. Dans l'automobile, l'Allemagne est la championne des exportations, alors que le coût du travail dans cette industrie y est le plus élevé d'Europe, supérieur de 29 % à celui observé en France : 43,14 euros contre 33,38 euros. Quant aux coûts salariaux dans le raffinage, ils sont marginaux.
Les écarts de compétitivité ne tiennent donc pas aux coûts salariaux. Il est temps de conforter notre appareil industriel avec ceux-là même qui le font vivre, c'est-à-dire les salariés.
Quand nous parlons de droit, il ne faut pas se contenter de modifier le code de commerce, il faut revoir le code du travail et toute la législation en général pour imposer de nouveaux droits pour les salariés, leurs organisations syndicales, les comités d'établissement. Nous faisons des propositions précises dans ce domaine, en particulier avec le Front de Gauche. Il est temps que les situations économiques les plus périlleuses soient appréhendées avec l'intervention directe des salariés, enfin pourvus d'un droit de regard sur la gestion des entreprises comme sur leur devenir. Au-delà des périodes de crise, il faut créer les conditions d'une traduction concrète des propositions, idées ou suggestions que les salariés peuvent avoir quant à la bonne marche de l'entreprise.
La citoyenneté ne peut s'arrêter aux portes des usines et être interdite à l'intérieur où seule régnerait la loi des actionnaires.
Faut-il en effet que ce que l'on appelle l'économie, en fait le droit du capital, échappe aux décisions démocratiques du peuple ? Telle est la vraie question qui se pose à vous, et il y a urgence. La situation économique et sociale dans laquelle se trouve notre pays ne peut plus attendre.
Chacun s'accordant à reconnaître que la réindustrialisation de la France est au coeur des préoccupations, que ce souci qui semble majeur se transforme enfin en actes concrets. Mes chers collègues, je vous le demande donc solennellement : écrivons à cet instant même une page de notre histoire, sans état d'âme, avec la volonté de jouer le rôle qui est le nôtre, être utiles au monde du travail, à nos concitoyens, à la France.