Je salue à mon tour le travail des deux rapporteurs, d'autant que les documents sont rares sur ces situations à la marge de la « vraie vie », mais malheureusement de plus en plus nombreuses : le nombre des sans-abri aurait quasiment doublé en dix ans si l'on en croit la Cour des comptes – et ses chiffres sont certainement fiables. Il faudrait s'interroger sur les causes de ce phénomène.
J'ai eu le plaisir de vous accueillir au Centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH) de Nanterre, qui reçoit beaucoup de personnes sans domicile. Elles y passent en général la nuit avant de regagner Paris dès le matin, mais il arrive souvent aussi qu'elles soient prises en charge par l'hôpital attenant, qui accueille également des détenus. Or nous nous inquiétons beaucoup d'une perspective de réduction de l'activité de cet établissement et nous insistons donc pour que l'État lui maintienne les moyens de fonctionner, quitte à l'affranchir des normes ordinaires telles que la tarification à l'activité, car il importe que les personnes en détresse continuent de bénéficier de traitements convenables.
Je ne m'oppose pas à la réorientation décidée par le Gouvernement – offrir un logement plutôt qu'un hébergement d'urgence. Je la soutiens même, quand elle est possible. Malheureusement, aujourd'hui, rien ne nous assure que la suppression prévue de 4 500 places d'hébergement d'urgence sera compensée comme annoncé par la construction de logements sociaux en nombre équivalent. Avant de fermer des structures d'ailleurs déjà insuffisantes, il faudrait s'assurer de disposer de ces logements ! Faut-il rappeler qu'à Paris, 12 000 ménages attendent de trouver le toit que leur garantit la loi sur le droit opposable au logement, « loi DALO » ?
Une grande politique de construction de logements sociaux est donc nécessaire, y compris à Nanterre, commune qui a pourtant consenti de grands efforts puisque ces logements constituent la moitié de son parc : on y compte encore 3 500 demandeurs, dont certains sont des enseignants ! La vérité est que l'on ne peut plus se loger dans la région parisienne quand on gagne le salaire médian, soit 1 500 euros par mois. Il faut donc bâtir, mais aussi refondre l'aide personnalisée au logement (APL) et encadrer les loyers dans le secteur privé.
J'ai lu dans Le Monde qu'à la fin de l'année dernière, les trois quarts des appels au 115 se soldaient par une réponse négative, de sorte que des centaines d'enfants auraient été laissés dans la rue. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?