Je tiens à féliciter nos collègues pour le travail important qu'ils ont réalisé : grâce à eux, nous avons maintenant une vision globale de ce sujet très complexe.
Reste que nous avons encore bien du mal à savoir ce qui se cache derrière les sigles : CHU, CHRS, SIAO, AVDL… Comment croire alors que les personnes en difficulté puissent s'y retrouver ? L'hébergement et l'accès au logement des plus démunis dépendent aujourd'hui, à la fois, de l'État, des départements, des associations, mais aussi des communes, dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) ou d'autres initiatives locales. Il conviendrait de simplifier le dispositif et sa gouvernance.
Je voudrais rendre hommage à tous ceux qui font vivre ces structures accueillant des personnes désemparées et parfois révoltées contre la société. Leur travail est loin d'être facile. Hier encore, j'ai reçu une jeune femme de 24 ans sur le point de quitter son lieu d'hébergement, en raison de problèmes avec son compagnon, et demandeuse de soins psychiatriques.
Tout le monde sait qu'il manque des places lorsque l'hiver vient, mais nous manquons de chiffres clairs. Il conviendrait de savoir plus précisément qui est sans logement, démuni ou en difficulté. Nous avons également besoin d'un suivi des expulsions locatives, afin de comprendre ce qu'il advient de ces gens : où vont-ils ? Peuvent-ils continuer à travailler ?
Vous avez évoqué, à juste titre, la nécessité d'organiser le passage de ces différents dispositifs au logement social. Encore faudrait-il que les logements nécessaires existent, qu'ils soient adaptés et financés, et qu'il y ait un accompagnement social. Dans certains cas, un lieu d'hébergement ne suffit pas : il faut aussi aider les personnes concernées à trouver une formation, un emploi, un accompagnement ou toute autre forme d'insertion sociale.
Avez-vous une idée de l'effort financier consenti pour ces publics par l'État, par les départements, mais aussi par les communes ? Ces dernières, outre tout ce qu'elles font pour l'hébergement d'urgence, dispensent aussi des aides, en particulier des aides alimentaires.
Pour Henri Grouès, plus connu sous le nom d'abbé Pierre et qui est né il y a exactement cent ans, le logement était une « question de justice », idée que M. Benoist Apparu a reprise à son compte avec la stratégie du « logement d'abord ». La situation s'est améliorée grâce à l'abbé Pierre et le rapport de nos collègues montre qu'un autre pas en avant, lui aussi important, a été réalisé au cours des dernières années. Pour aller plus loin, pourquoi ne pas envisager un plan pluriannuel ou une loi de programmation ? Il faut en tout cas réfléchir à des solutions pérennes, en dépassant les clivages politiques.