Les opérateurs associatifs ont conçu, avec les pouvoirs publics, les principes et les outils de la refondation. Ils les approuvent donc, même si se fait jour désormais une certaine lassitude devant l'absence de résultats concrets, qu'il s'agisse du nombre des personnes sans abri ou des sorties vers le logement. Ils considèrent aussi que l'État a tendance à leur demander trop vite des économies alors que les outils d'une plus grande efficience ne sont pas tous en place.
Nous l'avons dit, il ne faut pas négliger le fort impact que la refondation va avoir sur les pratiques associatives. On passe d'un système où chaque opérateur était maître d'accueillir qui il voulait, sans avoir à se comparer à d'autres et sans être responsabilisé quant à l'efficacité de l'ensemble du dispositif, à un système où il fait partie d'un service public et doit, en conséquence, rendre des comptes sur son activité et sur ses pratiques. Ce que certains présentent comme une « révolution culturelle » doit être, selon nous, accompagné d'un dialogue réel, approfondi et déconcentré entre l'État et les associations, afin d'aborder toutes les questions utiles dans le cadre de ce changement : diffusion des bonnes pratiques, formation des travailleurs sociaux, évolution de leurs carrières…
La refondation peut conduire à terme à la baisse du nombre des places en centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), au profit du financement de places nouvelles en pension de famille et en intermédiation locative. Il nous semble nécessaire d'accompagner ce « transfert » par la « reconversion » de l'activité des travailleurs sociaux hors les murs des centres d'hébergement, en direction des personnes qui ont besoin d'être accompagnées socialement dans leur logement. Il faut organiser cette modification du lieu d'exercice du métier, qui constitue sans doute aussi un changement de métier.
Nous pensons, d'autre part, nécessaire de relancer la création de référents personnels des personnes sans domicile, notamment quand elles accèdent au logement. L'idée nous semble bonne qu'une personne sache qu'elle peut se tourner vers une « quasi-connaissance », se distinguant des travailleurs sociaux et des pouvoirs publics et qui peut être un recours en cas de « coup de mou » ou une interface avec ces mêmes travailleurs sociaux ou avec les « guichets » publics utiles. Pourquoi ne pas imaginer d'impliquer les volontaires du service civique dans cette action ?