Voilà dix ans que la droite est aux responsabilités. Nous sommes aujourd'hui à un moment important, où il s'agit de faire le bilan. Vous voulez remonter à Lionel Jospin : pourquoi pas jusqu'à Jules Ferry ? Le bilan de vos dix années de politique éducative est clair, et ce n'est pas le groupe socialiste qui le met en avant, mais des études nationales sérieuses : celle de la Cour des comptes – difficile de considérer qu'elle est un ramassis de gauchistes –, les enquêtes PISA ou encore celles que mènent des professionnels, comme ces chefs d'établissement auxquels vous faites souvent référence.
Ce bilan présente deux caractéristiques : 150 000 jeunes sortent toujours du système éducatif sans diplôme ni qualification. C'est votre grand échec. Deuxièmement, et surtout, les inégalités se creusent. Non seulement elles se creusent, mais elles correspondent de plus en plus à l'origine sociale des élèves. Il y a une corrélation entre les inégalités sociales et les inégalités scolaires. L'école d'aujourd'hui – la vôtre – tourne le dos à la mission même de l'école républicaine, qui était de compenser les inégalités.
Nous avions mis en place deux outils pour lutter contre ces inégalités. Le premier était l'éducation prioritaire. On sait ce qu'il en est advenu depuis que vous êtes là. Le second était la carte scolaire. En 2007, le candidat Sarkozy avait fait de la suppression de la carte scolaire la grande révolution pour atteindre l'égalité scolaire. Or, aujourd'hui, on note une ghettoïsation accrue des collèges et des lycées.