Monsieur le ministre, au moment où vous vous apprêtez à supprimer, dans mon département de la Loire, cinquante-quatre postes à la rentrée 2012, à travers la fermeture de trente-sept classes pour quatorze ouvertures seulement et des coupes sombres dans les postes d'enseignants chargés du suivi des élèves en difficulté – six postes de RASED et six postes de conseillers pédagogiques –, ma question porte sur l'école maternelle et la scolarisation des enfants de moins de trois ans.
L'accueil des jeunes enfants dans une structure éducative adaptée est une condition essentielle à la réussite scolaire. Elle constitue un outil majeur de lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté. C'est aussi un atout pour notre compétitivité sociale et économique, car cet accueil favorise le taux d'activité, la croissance et donc l'emploi, mais aussi l'égalité entre les hommes et les femmes.
Toutes les études sérieuses démontrent les bienfaits d'une scolarisation précoce. L'étude internationale Pisa 2009 révèle que « les élèves qui ont suivi un enseignement pré-primaire tendent à être plus performants. Cet avantage est le plus marqué dans les systèmes d'éducation où l'enseignement pré-primaire dure longtemps, où le ratio élèves-enseignant au niveau pré-primaire est faible et où les dépenses publiques par élève à ce niveau sont élevées. »
Dans le cadre du rapport du comité d'évaluation et de contrôle, que nous venons de publier avec mon collègue Michel Heinrich, tous les experts que nous avons auditionnés préconisent d'investir massivement dans le service public de la petite enfance, en particulier dans l'école maternelle. Non seulement c'est un lieu d'apprentissage fondamental du langage, du vocabulaire, de la socialisation et du vivre ensemble, mais c'est aussi une possibilité de prise en charge qui vient en complément des autres modes de garde d'enfants, financièrement accessible à de nombreuses familles, en particulier à des femmes qui souhaitent continuer à travailler. Une étude réalisée par l'OFCE et Sciences Po souligne que « le point fort du système français reste l'école maternelle ».
En dix ans, avec la droite, le pourcentage d'élèves scolarisés dès deux ans est passé de 35 % à 13 % aujourd'hui. Nous ne demandons pas de généraliser l'accueil en maternelle dès deux ans, mais de le permettre là où c'est nécessaire et efficace, dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé : zones urbaines sensibles, zones rurales, territoires d'éducation prioritaire.
Monsieur le ministre, pourquoi vous acharnez-vous à démanteler ce qui constitue une originalité française, un atout envié dans de nombreux pays ?
François Hollande s'est engagé : « Je ferai en sorte que les enfants de moins de trois ans puissent être accueillis en maternelle, je ferai de l'école maternelle une priorité ».