…et de confronter nos points de vue pour que les Français puissent objectivement choisir.
Madame Martinel, nous avons l'école en héritage, en partage. Cette école, depuis cent cinquante ans, a connu des mutations profondes. La première, à la fin du XIXe siècle, a été l'obligation scolaire : ce fut l'école obligatoire, gratuite et laïque chère à Jules Ferry. On oublie que, pendant près de cent ans, elle est restée l'école de quelques-uns. Il a fallu, à la fin du XXe siècle, qu'un mouvement de massification, de démocratisation permette ce que nous appelons aujourd'hui « l'école pour tous » : 100 % d'une génération au collège et 71 % au lycée.
La vérité est que cette école-là n'a pas permis à chaque élève de trouver une solution en sortant du système éducatif. Et, depuis cinq ans, nous avons entamé une mutation profonde consistant à chercher une solution pour chaque élève qui quitte le système éducatif. Cette politique porte un nom : la personnalisation. Une solution pour chaque élève.
Aujourd'hui, les classes sont hétérogènes ; on ne peut plus travailler de la même façon qu'il y a vingt-cinq ans, alors que nous avons triplé, depuis, le nombre de bacheliers au sein d'une classe d'âge. La personnalisation touche la pédagogie, les parcours et l'organisation du système éducatif.
La personnalisation de la pédagogie a guidé la réforme du primaire lancée par Xavier Darcos en 2008. Je rappelle que trop d'élèves quittaient le système éducatif en primaire après être entrés en sixième en ne maîtrisant pas particulièrement les fondamentaux – à la fin des années 1990, ils étaient 15 % à ne pas maîtriser la lecture en entrant en sixième. Nous avons donc décidé de revoir les programmes, de les concentrer sur les fondamentaux : lire, écrire, compter. Surtout, nous avons mis en place une aide personnalisée de deux heures par semaine pour les élèves en difficulté repérés par le maître dans leur classe. Le travail et la qualité de nos enseignants permettent donc d'apporter un remède au sein même de nos écoles.
Cette réforme s'est accompagnée de la mise en oeuvre de stages de remise à niveau pour 240 000 élèves. Autrement dit, à la fin des dernières vacances scolaires, 15 % des CM1 et CM2 qui rencontrent le plus de difficultés ont bénéficié de ces stages de remise à niveau en lecture et en écriture. C'est cela, la personnalisation : du sur-mesure. Vous avez parlé d'égalité, madame la députée, mais l'égalité, ce n'est pas faire la même chose pour tout le monde.