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Intervention de Hervé Gaymard

Réunion du 15 février 2012 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Gaymard, rapporteur :

Nous sommes dans le brouillard absolu concernant la constitution. Sa rédaction donne lieu à des discussions entre militaires et islamistes dont on ignore ce qu'il sortira. Je ne peux pas vous répondre sur son contenu. Je ne pense pas néanmoins que le courant libéral pourra peser sur celui-ci.

Sur la nature des pouvoirs du président, il me semble que la conception minimaliste devrait s'imposer. Les islamistes sont plus intéressés par l'exercice d'un pouvoir informel plutôt qu'institutionnel et identifié.

M. Janquin a résumé la situation de la population, qui est victime de la pauvreté du pays malgré l'émergence d'une classe moyenne depuis vingt ans. La population parvient à vivre grâce aux biens subventionnés que sont le sucre, l'huile, le pain et le butagaz. Tant que cette subvention demeurera, tant que l'Etat en aura les moyens, cet amortisseur social qui s'ajoute aux solidarités familiales permettra de sauvegarder une situation qui est néanmoins préoccupante.

Ce pays de 80 millions d'habitants semble vivre un début de transition démographique. Il est vrai que cette transition ne réglera pas ce problème crucial à court terme mais à moyen terme seulement.

L'Egypte est aujourd'hui autocentrée. Elle ne manifeste pas d'intérêt pour le reste du monde. Le pays est en quelque sorte en apesanteur. Sur l'Iran, je rappelle que le Shah a obtenu l'asile politique après son éviction du pouvoir et est enterré au Caire. Les deux pays n'entretiennent pas de relations compliquées qui se caractérisent plutôt selon moi par une forme de négligence. Il n'y a pas d'interférence confessionnelle. L'un étant persan, l'autre arabe, ils ne partagent pas le même jardin. Ils sont deux pôles importants du grand Moyen-Orient. Ce n'est pas une question majeure.

Les Egyptiens n'aiment pas les Turcs. Ils n'ont jamais été fascinés par le kémalisme et je ne suis même pas sûr qu'ils soient intéressés par la politique de M. Erdogan. Ils regardent de loin ce qui se passe en Turquie. Le nom du pays n'a été cité à aucun moment lorsque nous étions en Egypte. Ce sont deux univers différents.

Je partage l'interrogation de M. Boucheron sur ce qui se trame à l'égard de l'Iran.

L'armée détient directement et indirectement un tiers du PIB du pays. Il s'agit d'une institution complexe qui a noué depuis longtemps des liens forts avec les Frères musulmans sur lesquels l'opacité règne. Les militaires semblent hésiter sur l'attitude à adopter car ils ne veulent pas perdre le pouvoir. Dans le débat constitutionnel sur le rôle futur de l'armée et le contrôle de celle-ci, les réponses qui nous ont été apportées relèvent toutes de la langue de bois. Chacun convient de l'importance d'un contrôle mais le plus grand flou entoure sa traduction constitutionnelle. Les militaires sont affaiblis car ils ne possèdent pas une figure politique susceptible de les représenter. Ils ne sont plus les fringants et ambitieux jeunes hommes d'antan mais des notables ayant bâti des fortunes.

Enfin, le wahhabisme est en effet très ancien et très implanté. Il faut donc surveiller de près les agissements des tenants de celui-ci.

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