Presque tout ayant été dit, je serai bref. Je voudrais m'associer aux observations de M. Janquin et en formuler quatre. Premièrement, il y a un processus révolutionnaire. La roue tourne. Par exemple, les Frères musulmans soutenaient il y a quelques mois la candidature de M. El-Baradei, ce qui paraît aujourd'hui surréaliste. La communauté copte, après l'élan de solidarité qui a fait suite aux attentats, est aujourd'hui partagée et inquiète. Deuxièmement, la percée des salafistes s'explique pour les mêmes raisons que celle d'Ennhada en Tunisie : figure d'opposition, patient travail de terrain, influence autour des mosquées. Troisièmement, j'ai beaucoup d'interrogations au sujet de l'armée. Je me demande si le CSFA est encore uni et si les violences de Port-Saïd ne sont pas la première manifestation de la division de l'armée, dont une partie resterait pro-Moubarak. Dernier point, que veulent et que vont pouvoir faire les équipes au pouvoir ? Je m'interroge sur leur sincérité. Tout le monde exprime une volonté de consensus pour gérer le pouvoir. J'ai des doutes, et plus encore s'agissant de certains salafistes. Il y aura bien sûr le rapport de forces. Les libéraux et les jeunes de la place Tahrir sont en dehors de la réalité, comme l'a souligné M. Gaymard. Il y aura l'épreuve de l'exercice du pouvoir et de l'économie, pas au sens doctrinal, mais au sens de comment faire lorsque l'économie va mal. L'islamisme est déjà rampant dans la société égyptienne depuis des années et pour moi le plus révélateur est que la seule demande des députés salafistes était d'obtenir la présidence de la commission de l'éducation et qu'ils l'ont eue. La moitié des Egyptiens ayant un baccalauréat ou un équivalent l'on obtenu dans des écoles religieuses.