Beaucoup de choses très intéressantes ont été dites.
Pour ma part, je soulignerai que le premier de nos mécènes, c'est l'État, et il le restera, je pense, pendant très longtemps dans la plupart des établissements publics. En ce qui nous concerne, à l'Opéra de Paris, le financement de notre budget provient à 50 % de l'État. Le mécénat, malgré des performances croissantes, n'apporte que 10 % de nos ressources propres. C'est certes beaucoup d'argent. Néanmoins, c'est encore de l'État qu'il nous faut attendre la première de nos ressources.
On s'aperçoit, quand on discute avec nos collègues des opéras de Londres, New York, Milan ou Vienne, que le dispositif français en matière de mécénat est excellent et fonctionne très bien, contrairement à celui d'autres pays que pourtant l'on présente souvent comme plus ouverts au mécénat. Toutefois, il est certain que nous avons une différence de culture en ce domaine : en France les entreprises s'investissent davantage dans le mécénat que les particuliers. Le fait de donner à une institution culturelle paraît normal dans le monde anglo-saxon, ce qui n'est pas encore le cas dans nos contrées, malgré d'indéniables progrès.
Je souhaiterais revenir sur deux propositions contenues dans ce rapport. Même si notre dispositif est excellent, il est susceptible d'être amélioré à la marge. Il serait bon de relever le plafond des dons pour les petites et moyennes entreprises qui souhaitent investir dans le mécénat. On voit bien qu'il y a une forte demande en la matière. De nombreuses petites entreprises souhaitent avoir une action en matière de mécénat ou une activité citoyenne. Aujourd'hui, les grandes entreprises n'atteignent pas ce plafond alors que les petites et moyennes entreprises y parviennent très vite. Ce serait donc une bonne chose de les aider.
Le mécénat de compétences doit certes être encadré ; il faut en particulier évaluer les contreparties offertes. Néanmoins, ce type de mécénat doit être encouragé. À travers ce type de mécénat, l'entreprise valorise ses savoir-faire, ses compétences et ses salariés. L'entreprise en cause peut par ce biais mener d'importantes actions en termes de communication interne et externe ainsi que de conquête de parts de marché. Par exemple, quand un ascensoriste restaure un ascenseur historique du Palais-Garnier et qu'il invite ses clients à venir voir le résultat, c'est une très bonne opération pour lui.
Enfin, et ce sera mon dernier point, quel que soit le dispositif, un mécénat est réussi lorsque le mécène et l'établissement public qui en bénéficie ont une belle histoire à raconter ensemble. Il importe d'être très attentif à ces histoires que les entreprises et les institutions culturelles peuvent raconter.