M. Desallangre demande ce qu'est un « taliban modéré ». Une question semblable peut se poser de manière plus large pour l'ensemble des printemps arabes. J'ai déjà eu l'occasion de m'expliquer sur ce point. Notre position est claire : nous sommes disposés à nous associer à un processus de réconciliation nationale avec les partenaires qui le souhaitent, à condition qu'ils s'engagent à rompre tout lien avec le terrorisme, à renoncer à la violence et à respecter la Constitution afghane, notamment en matière de libertés fondamentales et de respect des droits de l'homme.
Pourquoi ne pas quitter l'Afghanistan dès aujourd'hui ? Partir en bon ordre n'a rien à voir avec prendre la poudre d'escampette, ce qui serait déshonorant pour nos soldats et la coalition tout entière.
Nous ne laisserons pas tomber l'Afghanistan après 2014, les pays de la coalition en ont pris l'engagement. Tout d'abord, une présence militaire, non combattante mais de formation, sera maintenue. Ensuite, l'aide au développement sera poursuivie. La France a déjà signé un traité d'amitié et de coopération, d'autres pays vont nous emboîter le pas. L'effort multilatéral sera également renforcé avec une augmentation de plus de 40 % de l'aide. C'est dans cette voie que l'on poursuivra, sans précipitation mais avec détermination.
Faut-il accélérer le processus politique ? Bien sûr. L'ouverture par les talibans d'un bureau à Doha est un premier pas. Il faut maintenant qu'ils acceptent de se mettre autour de la table. Ils posent pour l'instant certaines conditions qui ne sont pas acceptables, relatives notamment à la libération de criminels de guerre et de prisonniers.
Nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons fait en Afghanistan depuis dix ans. Tous ceux qui s'y sont rendus peuvent en témoigner. La population afghane en est d'ailleurs parfaitement consciente. Mais c'est vrai, monsieur Boucheron, une erreur a peut-être été commise en 2001 lorsque M. Chirac et M. Jospin ont décidé d'engager la France en Afghanistan, sans que l'horizon auquel boucler l'opération n'ait été préalablement fixé. C'est peut-être là la faiblesse originelle de notre intervention. À l'avenir, le Président de la République en a le souci, nous ne devrons plus nous engager dans ce type d'opérations pour une période indéterminée.