Vous avez raison, madame Hostalier, d'évoquer le rôle de l'Iran. C'est une puissance régionale déterminante pour l'avenir de l'Afghanistan. Vous connaissez les difficultés que nous rencontrons actuellement avec l'Iran. Lorsque nous avons lancé l'idée d'un dispositif de sécurité collective autour de l'Afghanistan, notre objectif était d'associer les pays voisins, dont l'Iran, à ce processus. Ce ne sera pas facile.
Vous évoquez un risque « d'irakisation ». Pour ma part, je ne dirai pas qu'en 2014, après le retrait de nos troupes combattantes, l'Afghanistan deviendra un pays tranquille et prospère. Je mesure parfaitement les risques de déstabilisation. Mais je me refuse à toute prospective risquant d'être caricaturale sur l'évolution du pays. Il appartiendra aux Afghans de construire leur pays après l'aide que nous leur avons apportée.
Monsieur Glavany, je ne crois pas que la population afghane éprouve de sentiment de rejet vis-à-vis de l'armée française. Depuis 2002, nous avons beaucoup fait au profit des Afghans : nous avons construit des écoles, des hôpitaux, des routes, et une large partie de la population en a pleinement conscience. On ne peut pas dire en tout cas qu'elle serait plus enthousiaste à l'égard des talibans qu'à l'égard des troupes de la FIAS.
Nous aurions, selon vous, un train de retard. D'autres nous reprochent d'avoir un train d'avance. J'y vois la preuve que nous devons être sur la bonne ligne, à savoir en parfaite cohérence avec les décisions prises collectivement. L'idée de passer progressivement le relais aux troupes afghanes pour qu'elles assurent à terme seules la sécurité de leur pays, est une décision collective, qui a été prise d'un commun accord. Le retrait a commencé, il se poursuivra en 2012 et 2013.
Que la corruption ne soit pas absente d'Afghanistan est clair. Mais si nous devions cesser d'être présents partout où sévit de la corruption, il est à craindre que nous ne soyons cantonnés à l'Hexagone, du moins à l'Union européenne.