Permettez-moi tout d'abord une remarque générale. Depuis quelques jours, chers collègues de la majorité, vous développez l'idée selon laquelle toutes les mesures impopulaires seraient vertueuses. Les mesures populaires n'ont pas davantage le monopole de la vertu que les mesures impopulaires ne sont synonymes de courage, ni de bien-être pour nos concitoyens. Votre argument selon lequel une mesure, parce qu'elle est impopulaire, courageuse et difficile à prendre, serait une bonne mesure, ne tient pas.
Il tient d'autant moins que vous reportez l'entrée en application de la TVA et des réductions de charges patronales au 1er octobre prochain. Si ces dispositions étaient aussi urgentes et efficaces que vous le prétendez, madame la ministre, si elles devaient réellement créer 100 000 emplois, pourquoi attendre plusieurs mois après une échéance électorale majeure pour les faire entrer en vigueur ?
Revenons par ailleurs sur les débats que nous avons eus sur la politique de l'offre et de la demande. S'il est logique, en temps normal, de s'interroger sur l'opportunité de mener une politique de l'offre ou de la demande, sommes-nous dans cette situation aujourd'hui ? Nos concitoyens peuvent-ils décemment accepter des mesures d'austérité supplémentaires ?
Et, à supposer que l'on choisisse de mener une politique de l'offre, comment, avec les moyens qui sont les leurs suite aux politiques que vous menez depuis dix ans, pourraient-ils répondre au surcroît d'offre obtenu ?
Je prends quelques exemples.
Vous augmentez la TVA. Cela n'entraînera pas de hausse des prix, lit-on ici, tandis que, peut-on lire ailleurs, les gens se précipiteront pour consommer avant que les prix n'augmentent ! En vérité, les prix d'un certain nombre de produits vont augmenter, et nous ne cesserons de vous le rappeler. Ainsi, dans son rapport, excellent comme à l'habitude, Gilles Carrez indique-t-il que l'effet de la hausse de TVA sur le prix de l'essence sera de deux centimes par litre, alors que le prix à la pompe atteint déjà des records et est de plus en plus difficile à supporter pour ceux qui n'ont pas d'autre choix que la voiture. On va, peut-être, revaloriser le barème des indemnités kilométriques, disent certains. Mais ont-ils pensé qu'une revalorisation de la déduction fiscale pour frais réels ne profitera pas à cette moitié de nos concitoyens qui ne sont pas assujettis à l'impôt sur le revenu ?