Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Camille Froidevaux-Metterie

Réunion du 17 janvier 2012 à 16h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Camille Froidevaux-Metterie, professeure de science politique à l'Université de Reims Champagne-Ardenne :

Vous désignez là deux défis majeurs. Du point de vue des hommes, il s'agit en effet de partager le temps familial. Il est réjouissant de constater que 50 % des cadres français masculins de 30 à 40 ans demandent une meilleure prise en compte de la déspécialisation des rôles, c'est-à-dire de leur vie familiale : les hommes sont favorables à cette déspécialisation et au partage des tâches domestiques. Cet aspect est déjà pris en compte par les politiques publiques de certains pays, notamment scandinaves. Du point de vue des femmes, il s'agit d'assumer le fait que leur présence soit légitime dans tous les domaines et à tous les niveaux de la vie sociale et professionnelle.

Je connais moins bien le monde de l'entreprise que celui de l'université et de la recherche, mais je constate que mes étudiantes ont le souci de tenir ensemble les deux dimensions, privée et publique, de leur existence. Les femmes de ma génération – je suis née en 1968 – ont souvent fait le choix d'un investissement social et professionnel important qui a eu des effets très positifs, mais dont le prix a souvent été qu'elles n'ont pas eu d'enfant ou n'en ont pas eu autant qu'elles l'auraient souhaité. Même si le lien de causalité n'est pas certain, j'observe que l'accentuation du primat du rôle social des femmes s'est accompagnée d'une minoration, voire d'un oubli, de la dimension affective et familiale de leur existence. Mes étudiantes ont donc conscience qu'elles doivent d'abord construire leur avenir professionnel et un nouveau calendrier s'est mis en place : ces femmes ont décalé leur horloge biologique et n'envisagent guère d'avoir d'enfant avant 30 ans.

Je suis très confiante dans la capacité des jeunes femmes à entreprendre. Il est choquant d'entendre le même Laboratoire de l'égalité déclarer que les femmes sont invisibles dans la société. Les femmes n'ont jamais été aussi visibles à tous les niveaux et dans tous les statuts. C'est là aussi qu'intervient la « culture de l'égalité » : les manuels scolaires devraient pouvoir présenter aux jeunes filles la thématique du genre comme un moment – déterminant, certes, mais un moment seulement – de l'histoire de l'émancipation des femmes et montrer que la condition des femmes consiste en un investissement dans la sphère sociale et dans la sphère privée.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion