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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 13 février 2012 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2012 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

C'est au nom de ce modèle allemand que Nicolas Sarkozy a sommé les organisations syndicales et patronales de conclure sous deux mois ce qu'il appelle des accords de compétitivité-emploi. Il oublie au passage un des principes de base du modèle social allemand : la cogestion. Dans le contexte allemand, ce système favorise la défense des intérêts des salariés dans la gestion quotidienne de leur outil de travail et laisse les organisations syndicales et patronales régler entre elles leurs conflits. Au contraire, Nicolas Sarkozy pose un pistolet sur la tempe des syndicats pour qu'ils parviennent à un accord et, au cas où les syndicats résisteraient aux pressions, il impose sa volonté à une majorité parlementaire docile votant le petit doigt sur la couture du pantalon.

Ce terme de « compétitivité-emploi » est un double mensonge. En ce qui concerne la préservation de l'emploi, la réalité est que les salariés sont obligés de travailler quarante heures payées trente-cinq. C'est le « travailler plus pour gagner moins », sans même que les salariés soient sûrs de conserver leur emploi. Parlez-en aux salariés de l'usine de pneus Continental, qui ont été licenciés brutalement par leur employeur alors qu'ils avaient naïvement accepté de troquer cinq heures de travail supplémentaire non rémunérées contre la promesse d'un maintien de l'emploi.

Le second mensonge est celui de la compétitivité. Les entreprises françaises n'obtiendront pas de nouveaux contrats grâce à ces accords, elles percevront simplement davantage de bénéfices, sur le dos de leurs salariés. Le nom exact que l'on devrait donner à ces conventions, c'est « précarité-emploi », car seul le patronat en bénéficierait.

Mais les mesures de Nicolas Sarkozy ne s'arrêtent pas à cela : Il veut nous imposer un troisième plan d'austérité en six mois. Après l'augmentation du prix des mutuelles et le déremboursement de certains médicaments au mois de septembre, après l'augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité en décembre, il ressort un projet datant de cinq ans pour faire adopter en février une nouvelle hausse de la TVA. Cette augmentation va peser sur les budgets des couches moyennes et sur les familles les plus pauvres, ce qui aggravera encore les difficultés qu'elles rencontrent pour boucler leurs fins de mois.

Ainsi, je vais prendre un autre exemple, madame la ministre, monsieur le ministre : Kamel B. et sa femme habitent dans le quartier de la Dhuys à Bagnolet, et ont chaque mois pour vivre 1 892 euros ; l'augmentation de 1,6 point de la TVA va leur coûter 24 euros par mois. Malgré l'addition des différentes dépenses mensuelles – loyer, crédit pour la voiture, budget alimentaire, la mutuelle, le gaz, l'électricité et l'essence –, cette famille parvenait tout de même à économiser en moyenne 50 euros chaque mois, qu'elle conservait pour faire face à d'éventuels coups durs. Le coup dur dorénavant, ce ne sera plus la panne de la machine à laver ou du sèche-linge, mais votre nouvelle hausse de la TVA, qui va les priver de la moitié de l'argent qu'ils économisaient ! Ne trouvez-vous pas qu'il y a une différence sensible entre le petit bas de laine de ce couple de Français moyens de Bagnolet et Mamie Liliane, qui a tellement de milliards d'euros sur son compte en banque qu'elle ne se rappelle plus avoir placé illégalement 100 millions d'euros en Suisse ?

Je vous agace, mes chers collègues de la majorité,…

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